Archive pour décembre 2011

14
Déc
11

Sublutetia, tome 1 : la révolte de Hutan

Un roman (jeunesse) de Éric Senabre

Aaah, Paris ! Sa tour Eiffel, ses Champs Élysée, sa pyramide du Louvre, son métro, sa ville souterraine… Comment ? Vous ne connaissez pas Sublutetia ?

Heureusement que Federico est là pour parfaire votre culture. Grâce à cet article, la mystérieuse ville bâtie sous Paris n’aura bientôt plus de secrets pour vous ! Bon d’accord, ce sera surtout grâce à Sublutetia, le roman jeunesse d’Éric Senabre.

Keren et Nathan, deux collégiens, ratent le métro qui doit les emmener en sortie scolaire. Ils prennent donc le suivant mais le wagon dans lequel ils montent est quasiment désert : seul un homme y est installé. C’est alors que les ennuis commencent : au lieu de rejoindre la station suivante, leur wagon débarque dans un lieu totalement inconnu. Arrivent alors d’étranges personnages, habillés comme au carnaval, qui s’en prennent à l’homme présent dans le wagon. Sur les injonctions de ce dernier, les deux enfants s’enfuient à toutes jambes et vont bientôt découvrir un étonnant réseau de galeries qui, après maintes aventures, va les mener à la fascinante ville souterraine de Sublutetia.

Federico a beaucoup apprécié ce roman à la structure assez simple mais plein de rebondissements, de bonnes surprises et agrémenté d’une pointe d’humour. Pour décrire l’atmosphère de ce livre, notre ami lapin ne fera pas mieux que le résumé de la quatrième de couverture : quand l’univers de Jules Verne rencontre le XXIe siècle. Il est vrai que ce nouveau voyage au centre… du sous-sol parisien réserve son lot de machines métalliques et ingénieuses ainsi que de créatures pour le moins inattendues. Federico a ressenti beaucoup de sympathie à l’égard des deux héros qui vont faire connaissance et se rapprocher au cours de leur périple.

Mais ce qui a le plus enchanté notre ami dans ce roman, ce sont ses allures conte initiatique. Sans être manichéen (à quelques dérapages près), Sublutetia fait l’éloge du courage et de l’entraide avec une grande fraîcheur. À travers cette ville souterraine utopique, le roman défend le droit qu’a chacun à une seconde chance. Ces valeurs émanent du récit l’air de rien, à travers les épreuves de traversent les héros. Il est fort possible que Federico prête à l’auteur des intentions qu’il n’a pas eu en écrivant cet ouvrage, mais cela est sans importance. Il a aimé ce livre qui, de façon très simple, lui a évoqué un beau message.

Dès que vous aurez lu ce livre, rendez vous sur le blog qui lui est dédié et sur lequel vous trouverez des tas d’informations en plus sur l’histoire de la ville de Sublutetia et ce qui l’entoure.

Sublutetia, Eric Senabre, Didier Jeunesse, octobre 2011, 288 pages, 14 €.

11
Déc
11

Mission M’Other

Un roman de Pierre Bordage, Melanÿn et Philippe Coriat.

Face à la concurrence du numérique et de l’encre électronique, les livres papiers innovent. En 2008, le très remarqué Cathy’s Book proposait une réelle interaction entre le livre et le lecteur ; le premier permettant au second de mener l’enquête grâce à des indices. Rien de bien différent d’avec un autre polar… Si ce n’est que les indices en question étaient physiquement présents dans l’ouvrage, sous forme de fac-similés et de pistes audio et vidéo à visionner sur internet ou via un serveur vocal. Le lecteur disposait enfin des mêmes éléments que le héros pour élucider le mystère.

Bizarrement, malgré le succès de l’ouvrage et de ses suites, le concept n’avait pas fait d’émules notables jusqu’à la création de la collection « Snoop Book » par les éditions Soleil (oui oui, celles qui font de la BD à Toulon). Cette nouvelle gamme de livres promet au lecteur de devenir le héros de l’histoire et de mener l’enquête à l’aide de moult indices. Federico n’ayant pas testé le Cathy’s Book, il a décidé de faire l’expérience « Snoop Book », bien curieux de ce qui allait lui arriver. Parmi les trois titres de la collection, il a choisi Mission M’Other, écrit par Pierre Bordage, Melanÿn et Philippe Coriat. Ça en fait du monde.

Le roman en lui même a beaucoup plu à notre ami lapin. Dans un avenir proche, Lia débarque sur une Terre très inhospitalière après avoir grandi dans l’atmosphère protectrice d’une navette spatiale, M’Other. Complètement livrée à elle même, elle parvient à réunir quelques forces afin de se mettre en marche pour partir à la recherche de Tara, une fille dont elle ignore tout et qui est pourtant son unique repère. Au cours de son voyage elle va faire une étrange découverte : la plupart des humains ont déserté la planète et il ne subsiste plus qu’une étrange milice qui tue tout ce qui bouge. Ambiance.

Le lecteur a entre les mains le journal de bord que l’héroïne tient pour rompre sa solitude et par nécessité de raconter ce qu’elle voit et fait. Elle y recueille des documents trouvés au hasard (les fameux fac-similés) et qui la guident dans sa quête, quand il ne font pas naître de nouvelles questions. Federico déplore que le ton utilisé manque de la spontanéité qu’on attend dans ce genre de journal écrit sur le vif. Heureusement que les documents et les dessins joints au livre lui apportent l’authenticité qui manque au texte.

C’est un des rares défaut de ce récit de science fiction plein d’humanisme qui a bien accroché notre ami lapin avant de le surprendre avec un final agréablement déroutant. À tel point qu’il a été impossible pour Federico de déduire quoi que ce soit des indices proposés et a fortiori de répondre à la grande question du livre : où sont les humains ? Deux possibilités : ou bien Federico est un détective déplorable ou bien les annonces faites sur la couverture sont exagérées. Ce récit est trop irréaliste pour qu’on puisse deviner ce qui se trame.

Finalement, Mission M’Other est un excellent roman de science fiction présenté dans un format qui ne tient pas toutes ses promesses. Cela reste néanmoins un bel ouvrage à la présentation très soignée, qu’on pourrait presque croire sorti des archives de l’héroïne.

Mission M’Other, Philippe Coriat, Melanyn, Pierre Bordage, Soleil Productions, août 2011, 19 € 90, (collection « Snoop Book »)

05
Déc
11

Divergent, tome 1

Un roman (ado) de Veronica Roth (traduit de l’anglais par Anne Delcourt)

Dans un futur assez flou, les hommes ont créé un système social dont l’objectif est de supprimer les mauvais penchants humains afin d’empêcher de nouvelles guerres. Ainsi, la société est divisée en 5 factions au nom éloquent : les fraternels, les audacieux, les érudits, les sincères et les altruiste. Chaque faction remplit un rôle bien précis et est régentée par des règles strictes en fonction de ses valeurs. À seize ans, chacun choisit la faction à laquelle il va appartenir pour le restant de sa vie. Pour aider les adolescents à faire leur choix, on les soumet à une simulation qui fait ressortir leurs prédispositions pour une faction. Cependant, chez certains, la simulation ne permet pas de définir une orientation : ce sont des divergents. Ils sont en danger de mort.

Bouh… ça fait peur hein ? Et encore, vous n’avez pas lu de livre de Veronica Roth. Autant vous dire tout de suite que Federico a passé un formidable moment avec Béatrice, l’héroïne de cette captivante histoire. L’auteur épure son récit de tout contexte spatio-temporel (il paraît que ça se passe à Chicago) et concentre son talent sur la description du système et de ses protagonistes. Federico s’est donc retrouvé plongé au cœur du quotidien de Béatrice. Celle-ci lutte pour savoir qui elle est vraiment et sans s’être particulièrement attaché à elle, Federico a suivi son parcours avec un enthousiasme de lapereau. De même, l’auteur fait preuve d’une grande finesse psychologique dans sa peinture des relations ambiguës nouées par l’héroïne. Tout s’imbrique si naturellement qu’on perd parfois conscience d’être en train de lire.

Notre ami lapin s’est tellement délecté du suspens et des surprises dont regorge ce roman qu’il se refuse d’en dire plus. À peine ose-t-il vous avouer que Veronica Roth dépeint un univers assez brutal, où la violence et la mort sont très présentes. Âmes sensibles s’abstenir donc. Pour les autres, ruez-vous sur ce livre qui a fait palpiter le cœur de notre petit lapin.

D’un point de vu purement littéraire, Federico pourrait employer le terme de dystopie pour qualifier ce roman mais il n’est pas assez calé sur le sujet pour être complètement sûr de son coup.

Pour ce qui est de la notation, Federico considère que ce livre mériterait bien trois carottes et demi, mais ce serait une note divergente et notre ami lapin tient à contrôler son classement. Qui sait, peut-être que le tome 2 remportera la timbale ?

Divergent, Veronica Roth, Nathan, octobre 2011, 436 p., (collection « Blast »), 15,90 €

05
Déc
11

Jeux de mains…

… jeux de lapin !

En prévisions de ces soirées où il ne fait pas bon mettre son museau dehors et de ces moments où on n’a tout simplement pas envie de faire fonctionner son cerveau, Federico a toujours un petit jeu sous la patte. En voici deux, dégotés sur Internet et peuplés de lapins, évidemment.

Le premier s’appelle Winterbells et est tout à fait indiqué pour la fin d’année. Dans un cadre féérique et enneigé, il faut faire sauter un adorable lapin (pléonasme) sur des petites cloches. C’est joli, c’est gentil et en plus c’est très facile. On se prend rapidement au jeu, la tension montant en même temps que le petit héros prend de l’altitude. Seul bémol, la musique. Elle est très sympathique mais quand on est trop fort et qu’on joue longtemps, elle finit par lasser.

Le deuxième jeu est beaucoup plus printanier mais pas moins mignon. Dans Carrot Track il faut aider un petit lapin qui veut attraper des carottes en empêchant des chiots de lui foncer dessus. De temps en temps un petit bonus permet de gagner du temps en… transformant momentanément le lapin en hélicoptère ! Ici la musique est beaucoup plus entraînante et si vous n’aimez pas, vous pouvez lui couper le sifflet.

Sur ce site vous trouverez d’autres jeux simplissimes au design délicatement pastel. En voici d’ailleurs un dernier pour la route, en dédicace au cousin Fredo qui nous lit du Québec !

La prochaine fois que vous aurez un travail à faire, vous penserez bien fort à Federico qui, une fois de plus, vous donne toues les clés pour bien digresser.

02
Déc
11

Baguettes chinoises

Un roman chinois de Xinran

La Chine est un pays tellement grand qu’il contient plusieurs époques : plusieurs décennies séparent le mode de vie des campagnards et celui des citadins. Rassurez-vous, Federico ne compte pas développer les raisons économiques, politiques et culturelles d’un tel décalage. Une fois n’est pas coutume, il va vous parler d’une de ses dernières lectures : Baguettes chinoises de Xinran.

L’auteur conte l’histoire de trois sœurs issues d’une fratrie de six filles. Tout irait bien dans le meilleur des mondes si dans la campagne chinoise le fait de ne pas avoir de fils était considéré comme un véritable déshonneur. En effet, on considère que les hommes sont les poutres du foyer tandis que les filles ne servent à rien (en gros) : elle sont de simples baguettes. Dans le livre le concept est poussé jusqu’au bout : les parents n’ont pas jugé utile de donner de véritable prénoms à leurs filles. Elles portent donc le numéro de leur ordre de naissance. Malgré tout, Trois, Cinq et Six sont bien décidées à montrer qu’elles peuvent subvenir aux besoins de leur famille et faire la fierté de leurs parents. Elles quittent donc leur campagne natale pour Nankin, la ville la plus proche, afin de tenter leur chance. Passé le choc des cultures, les trois sœurs vont chacune suivre leur voie vers l’indépendance ; quête plus ou moins couronnée de succès.

Xinran a longtemps animé une émission de radio chinoise dans laquelle elle recueillait les confidences de ses auditrices. Grâce au matériau accumulé elle a construit les personnages de Trois, Cinq et Six qui, grâce à l’anonymat de leur prénom, représentent toutes ces femmes chinoises privées d’une éducation digne de ce nom et réduite à un rôle de reproduction. Ce livre est donc une sorte d’hommage rendu à leur courage. C’est aussi une déclaration d’amour à la ville natale de l’auteur, Nankin, qui a jailli du livre sous les yeux dépaysés de notre ami lapin. La faiblesse de ce livre réside d’ailleurs dans l’aspect trop documentaire du livre qui instaure une distance entre le lecteur et les personnages.

Néanmoins, Xinran a réussi à créer des héroïnes de fiction très crédibles. Elles ont chacune leur caractère propre et savent exploiter leurs forces et faiblesses pour atteindre leur objectif. Ce sont également des modèles d’humilité. Cependant, leur ingénuité et leur résignation face à certains aspects de leur condition ont parfois hérissé les poils de Federico qui ne comprend évidemment pas comment des êtres humains peuvent encore être traités ainsi. Notre rongeur est donc sorti de sa lecture avec un sentiment d’amertume malgré la nette volonté de l’auteur de véhiculer un message d’optimisme. Cette dernière en profite d’ailleurs pour faire la promotion de l’association qu’elle a fondé afin, entre autres, de venir en aide aux enfants chinois qui n’ont pas accès à l’éducation, Mother’s Bridge of Love.

Xinran, Baguettes Chinoises, Philippe Picquier, 2008.




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