Un roman d’Amor Towles traduit par Nathalie Cunnington
Après une période de disette littéraire, le coeur de Federico s’est enfin remis à palpiter pour un livre. C’est à la délicieuse ambiance du livre Les règles du jeu que notre ami lapin doit cette émotion.
Nous sommes à New York, à la fin des années 1930, la grande Dépression est presque finie, la nouvelle guerre arrive bientôt. Katey, fille d’imigrés russes et Eve, débarquée du Midwest, sont bien décidées à rejoindre la bonne société locale, les wasp. Quand elles rencontrent Tinker, un jeune banquier sur la bonne voie de la fortune, leur énergie communicative fait des étincelles et le nouveau trio va faire les quatre cents coups dans la ville qui ne dort jamais. Entre les folles nuits new-yorkaises arrosées de champagne et les dures journées au bureau, la transition est parfois difficile. C’est dans cette ambiance mi-figue mi-raisin, où l’on passe de l’euphorie à l’amertume que les héros évoluent.
Régulièrement, Federico a interrompu sa lecture devant quelques phrases génialement tournées. À l’image de ces héroïnes indépendantes et audacieuses, ce roman est plein d’esprit et d’ironie. Pourtant, quand les sentiments s’en mêlent, le masque tombe et le ton devient beaucoup plus doux. Parce qu’elle est racontée sur le ton du souvenir par une Katey qui a laissé les jours de vache maigre derrière elle, cette histoire porte l’empreinte de la nostalgie et de la lucidité face aux folles espérances de la jeunesse.
Le titre original du livre est Rules of civility, une référence au recueil de bonnes manières écrit par le jeune George Washington, Rules of Civility & Decent Behavior in Company and Conversation, qui fait un peu office de fil rouge dans l’histoire. À cet égard, le titre français est un peu à côté de la plaque.
Ce roman a reçu le prix Scott Fitzgerald et même pour Federico, qui n’a jamais lu cet auteur ni vu aucune des adaptations de ses romans, la référence est assez évidente.
Amor Towles, Les règles du jeu, 10/18, octobre 2013, 473 p.