Archive pour octobre 2011

27
Oct
11

Les Hauts de Hurlevent

Un roman de Emily Brontë (1847)

Federico est un lapin qui aime avoir du vent dans les poils et des frissons dans les moustaches. Les landes semi-désertes de la campagne anglaise et les pierres froides des bâtisses gothiques étaient donc pour lui ravir, voilà pourquoi, après Jane Eyre, il est allé fureter du côté des Hauts de Hurlevent.

Ici, l’intrigue est tellement tarabiscotée qu’un résumé ne parviendrait qu’à vous embrouiller encore plus. L’histoire est construite sur presque trois générations, et les personnages s’empruntent les mêmes prénoms et les mêmes noms au gré des mariages et des naissances. Mais Federico doit vous mettre en garde : l’histoire ne rayonne pas à travers des noces festives et de joyeux baptêmes, non, loin de là. Les personnages, tous autant qu’ils sont, sont animés par la haine, parfois féroce et violente, parfois contenue et insidieuse. Dans un huis clos ouvert aux quatre vents, les familles se déchirent, pour la vengeance et l’honneur, pour l’amour et la haine, et pour avoir le dernier mot…

Federico ne va donc pas vous raconter l’histoire, parce que c’est vraiment très tordu. Il peut au moins vous dire qu’il y a deux familles : les Earnshaw et les Linton, et que tout commença lorsque le vieux père Earnshaw, résident des Hauts de Hurlevent, adopte un jeune orphelin qu’il prénomme Heathcliff. Au fil des années, ce dernier, sombre et sauvage, attire l’animosité de tous, excepté de la fille Earnshaw, Catherine, avec qui il y a de l’amour dans l’air… Mais tout ne va pas bien se passer, ce n’est pas Walt Disney ! Des années durant, la tempête des sentiments va souffler sur les deux familles, balayant des vies et des espoirs, ravivant la haine et la rancœur, avec en son centre le dangereux Heathcliff qui rumine les humiliations de son enfance.

À la fin de sa lecture, notre très gentil lapin a été étonné par tant de haine déversée de la part de personnages qui sont, d’habitude, mondains et raffinés dans leur époque poudrée (fin XVIIIe). Et c’est là la force de ce livre : à quel point des humains peuvent-ils se détester ? Car à côté, les marques d’amour qui parviennent à émerger nous semblent beaucoup moins sincères et puissantes que les injures, les frappes et les malédictions que les personnages se lancent à tour de rôle.

Mais ces sentiments sont un peu trop abruptes pour être vraiment crédibles, et on se détache aisément des héros que l’on trouve alors antipathiques : « mais meurt donc au lieu de te plaindre », puis quand ils en viennent à rendre l’âme, un autre désespéré vient le remplacer… La seule à qui l’on parvient véritablement à s’attacher, c’est la « seconde narratrice », Nelly, la nourrice et servante des Hauts de Hurlevent. En effet, c’est elle qui raconte toute cette histoire au « premier narrateur », Mr Lockwood, locataire de Mr Heathcliff, et Federico va s’arrêter là parce que ça devient tout de suite compliqué, il le voit dans vos yeux plissés sur votre écran… Bref, Nelly est plus douce, raisonnée et aimante que les autres… tout en étant parfois aussi tranchante et butée ! Peut-être est-elle finalement aussi cinglée qu’eux pour qu’elle n’ait pas encore sacré son camp de cet endroit malsain…Les Hauts de Hurlevent, une chouette lecture pour aimer son prochain !

Les Hauts de Hurlevent, Emily Brontë, à lire dans plusieurs éditions.

À éviter à tout prix : le film de 1992 avec Juliette Binoche et Ralph Fiennes, mielleux et romantico-cucul à souhait, à mille lieues des véritables sentiments qui sévissent dans l’œuvre d’Emily Brontë.

15
Oct
11

L’année où tout a changé

Un roman (ado) de Jill Hucklesby

Federico a commencé cette lecture en pleurant. Nullité dramatique ? Non, juste une histoire qui commence très mal. Dans un accident, Amy, 13 ans, perd sa meilleure amie et sa jambe droite. Tout un pan de sa vie s’effondre donc : fini les délires avec Sophie et adieu la prometteuse carrière de nageuse. Pourtant, tout n’est pas fini pour la jeune fille.

Écrit sans misérabilisme ni bisounoursisme, le roman de Jill Hucklesby réussit à traiter de la difficile reconstruction d’une adolescente dans un roman où l’espoir l’emporte sur le reste. Méfiant au départ, Federico a été agréablement surpris à la lecture de ce livre. Les personnages sont finement dessinés et leur réaction face à la situation est subtilement analysée. L’histoire tient la route, l’héroïne est attachante et la bonne humeur est revendiquée.

Malgré ces qualités, L’année où tout a changé ne fait pas partie de ces romans qui ont marqué Federico. Le principal défaut de ce roman est qu’il s’adresse a des adolescentes, pas à des lapins. Le ton employé s’en ressent. Par conséquent, il est tout à fait recommandable pour une jeune fille qui veut lire un roman émotionnellement intelligent, mais est vite oublié par un lapin avide d’une plume plus aiguisée.

L’année où tout a changé, Jill Hucklesby, Bayard, septembre 2011, 386 p., (collection « Millézime »)

15
Oct
11

Madison Avery, tome 1 : Ange Gardien

Certains livres sont vexants. Ils sont écrits de façon tellement tarabiscotée qu’on n’y comprend rien. Voilà pourquoi Federico a abandonné la lecture du premier tome de la trilogie Madison Avery à la page 34 : parce que ce n’est vraiment pas clair.

Là où certains auteurs passent un chapitre à planter le décor de leur histoire, Kim Harrison plonge le lecteur au cœur de l’action de son livre. Le souci c’est que, comme elle écrit avec des palmes, Federico a plutôt eu l’impression d’être largué en plein champ de bataille : courage, fuyons.

Difficile de dire ce qui cloche dans l’écriture de ce livre : des phrases trop courtes ou trop longues ? Des virgules mal placées ? Des descriptions inutiles ? Un peu de tout ça. Mais le pire réside dans les métaphores tirées par le pompon. Exemples : « nous sommes aussi vulnérables que des canards sur l’eau ». Moui, mais encore ? « Je sentis son parfum de tournesols au crépuscule ». D’accord. Et ? « J’eus la sensation qu’on frottait des plumes sèches sur mon âme ».

C’est une autre culture.

En plus la couverture est moche.

Madison Avery, tome 1 : Ange Gardien, Kim Harrison, Castelmore, octobre 2011, 285 p.

07
Oct
11

Quand soudain il se passa quelque chose de plus terrible encore

Un album de Bertrand Santini.

On se demande ce qui se passe dans la tête de certains auteurs au moment de la création d’un album. Il y a dû y avoir une explosion assez violente dans celle de Bertrand Santini. Une grosse explosion de fantaisie qui a jeté des couleurs pétillantes partout sur les pages de son livre. Rien que le titre. On voit bien qu’il se passe quelque chose de pas net… Non mais franchement : Quand soudain il se passa quelque chose de plus terrible encore. On ne trouve pas ça à tous les coins d’étagères. L’intérieur du livre confirme l’impression première qu’a eu notre ami Federico en découvrant cet ouvrage : c’est du grand n’importe quoi. Mais « grand » dans le sens de grandiose, génial. Tout est bien dosé dans cet album très court mais très percutant.

L’histoire est simple : un lapin grignote quelques brins d’herbe quand soudain… une cascade d’événements absurdes lui tombe sur le râble. Chaque page va plus loin que la précédente dans la loufoquerie et l’humour. La mise en forme du texte le rend très vivant : mieux que des roulement de tambours ou un violon grinçant, elle installe le suspense. Celui qui naît de la question « mais qu’est-ce qu’il va nous inventer maintenant ?! ». Les illustrations quant à elles sont juste superbes. L’épure des jeux d’ombres chinoises et les aplats de couleurs assez surréalistes créent une atmosphère à la fois onirique et délirante.

Délirant, voilà, c’est le mot. En sage petit lapin, Federico ne s’est jamais drogué mais cet album dispense largement de l’usage de stupéfiants. Un trip de 40 pages. Un véritable régal à 4 carottes qui ne laisse pas de gueule de bois mais un joli sourire sur le museau.

Quand soudain il se passa quelque chose de plus terrible encore, Bertrand Santini, Les Éditions De La Balle, octobre 2011, 40 p., 13 €.




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