Les mémoires de Kiki de Montparnasse.
Ah, Kiki, Kiki… Federico aime beaucoup Kiki, la fameuse reine de Montparnasse. Aussi, lorsqu’il a appris qu’elle avait écrit ses mémoires, il s’est rué chez le libraire d’à côté pour les y débusquer !
Notre ami lapin avait découvert Kiki il y a quelques années avec la bande dessinée de Catel et Bocquet. On y suivait la vie de Kiki dans les grandes lignes, avec moultes anecdotes et rencontres artistiques. Mais quoi de mieux pour connaître un tel personnage que de lire ses mémoires ? Il y a un gouffre entre la perception extérieure que l’on a d’une personne, et son ressenti intérieur. La Kiki des Souvenirs retrouvés n’a pas l’air aussi délurée ni aussi dévergondée que ce que l’histoire veut retenir d’elle.
Kiki était avant tout une jeune femme optimiste et sentimentale, qui a véritablement galéré tout au long de sa vie pour se sortir de la misère. Bâtarde crottée de la campagne bourguignonne, Alice Prin débarque à Paris à 13 ans où elle ne suivra qu’une année de scolarité avant d’être mise au travail. Délaissée et mal aimée par sa mère, elle était vouée à la prostitution mais y échappa de justesse grâce à un de ses principes majeurs : l’amour ne se vend pas ! C’est grâce à son attirance pour les artistes fauchés qui peuplent les cafés de Montparnasse que Alice s’en sort, en devenant modèle et chanteuse de cabaret. En devenant Kiki.
C’est là la partie la plus passionnante de ses souvenirs : comment une jeune fille sans le sou peut se sortir de la misère parisienne des années 1910 ? Kiki nous raconte ses galères, la faim, le froid, mais aussi la quête assez drolatique de la perte de sa virginité ; son ton est toujours enjoué, malgré la tristesse de certains de ses propos. Car les difficultés de la vie ne sont jamais loin, après la belle vie des cabarets pendant les années 1920, Kiki devra affronter la drogue, son surpoids et son alcoolisme, mais aussi la perte de ses proches : sa mère, son amant, des amis…
Souvenirs retrouvés est agrémenté de photos (notamment de Man Ray, qui fut son compagnon) mais aussi de reproductions des toiles réalisées par Kiki, car le modèle s’essaya lui aussi à la peinture.
Sous la machine à écrire libre de Kiki, on découvre le Paris nocturne des années folles, entre misère de la rue et joyeuses festivités, entre excès et convivialité, pas si différent de celui d’aujourd’hui…
Souvenirs retrouvés, Kiki de Montparnasse, José Corti, 2005, 256 pages