Posts Tagged ‘fantastique

03
Fév
14

Les Orphelines d’Abbey Road

Une série jeunesse d’Audren.

noté 2 sur 4

C’est parce qu’il est un amoureux fou de Jane Austen et des sœurs Brontë que Federico a été attiré par les couvertures de la série Les Orphelines d’Abbey Road. Les orphelinats, les robes grises, les cols en dentelle, toussa… Les Orphelines, c’est un peu ça, mais avec d’autres choses encore ! Notre ami lapin a donc été positivement surpris par ces romans qui prennent une tournure inattendue, mais il s’est un peu ennuyé ensuite…

© L'école des loisirs, 2012Au final, quelle est l’histoire ?

Pensionnaire de l’orphelinat d’Abbey Road, Joy conserve l’espoir de revoir un jour ses parents, disparus dans un naufrage. Cela fait pourtant des années qu’elle y réside, obéissant à l’éducation stricte des sœurs et se liant d’amitié avec Margarita, June, Prudence et les autres (jeune orpheline triste, éducation sévère et amitiés de dortoirs, check ! Pour le moment, on n’est pas loin de Jane Eyre). Lorsqu’elles découvrent le souterrain sous l’abbatiale, les jeunes filles ne se doutent pas des choses étranges et dangereuses qu’elles pourront y dénicher. Depuis leur dernière excursion, Prudence est comme possédée d’un mal étrange causé par le Diable Vert (ah tiens, du surnaturel, là on se sent plus chez Mary Shelley ou sur les hauts de Hurlevent !). C’est pour la guérir que Joy, accompagnée de l’espiègle Ginger aux pouvoirs étonnants, fera connaissance avec le mystérieux monde d’Alvénir (qui ressemble beaucoup au pays des merveilles d’Alice !).

On ne sait pas trop à quelle époque se déroulent les aventures de Joy, mais on situe tout de même vers la fin du XIXe siècle. Quoi qu’il en soit, on est inévitablement marqué par les références de la littérature anglaise, celle du vent sur les landes et des jeunes filles ballotées par la vie. Les Orphelines d’Abbey Road mêle donc le roman d’époque, le merveilleux et le surnaturel. Certains passages inquiétants peuvent donner le frisson, tout comme l’univers d’Alvénir amuse et éveille la curiosité. Mais c’est aussi une histoire sur la construction des liens : l’autorité, la famille, l’amitié voire l’amour. Alors qu’elles rêvent tout simplement d’être des enfants aimés et écoutés, les orphelines seront conduites à se rebeller face à la déraisonnable rigidité des adultes.

Joy réfléchi beaucoup à ce qu’elle est et à ce qu’elle apprend au fil de ses aventures. Notre ami lapin l’associe à une Alice plus mature et perspicace que l’héroïne de Lewis Carroll. Quant à l’univers d’Alvénir, fluctuant et absurde, c’est un Pays des merveilles revisité et approfondi. Les dialogues sont l’occasion de jeux de mots et de réflexions sensées face aux incongruités, et ce non sans rappeler avec plaisir l’autre côté du miroir…

Tout allait bien, donc, avec une préférence pour le deuxième tome.

Mais la lecture du troisième tome a été plus mitigée. Bon, Federico n’avait pas de grandes attentes, étant prêt à se laisser emporter n’importe où ! Mais cet opus, Les lumières du passé, est assez redondant vis-à-vis du deuxième : les orphelines retournent une seconde fois dans le monde d’Alvénir pour y chercher quelque chose (Federico ne sait plus quoi). Et ça cause, et ça marche, et ça cogite… Comme ça arrive souvent dans les univers parallèles, leurs habitants ont l’air moins consistants et plus neuneus que ceux du vrai monde, ce qui est assez dommage et ennuyant à la longue. Ajoutez à ça l’héroïne qui vire fleur bleue, et vous gagnez un lapin pas fâché de terminer sa lecture pour passer à autre chose !

Les orphelines d’Abbey Road, tome 1 : Le diable vert, Audren, 2012, L’école des loisirs, 288 pages

Les orphelines d’Abbey Road, tome 2 : Le monde d’Alvénir, Audren, 2013, L’école des loisirs, 304 pages

Les orphelines d’Abbey Road, tome 3 : Les lumières du passé, Audren, 2013, L’école des loisirs,

12
Avr
13

La Trilogie new-yorkaise

© Actes Sud, 2002Peut-être qu’il a trop bouffé d’Auster sur une période restreinte, mais la lecture de La Trilogie new-yorkaise a été un peu indigeste pour votre ami lapin… Ce sont toujours les mêmes thèmes développés par l’auteur et repris ici dans trois récits parus distinctement dans les années 1980 avant d’être réunis dans La Trilogie : Cité de verreRevenants et La Chambre dérobée.

C’est tout de même étonnant que les mêmes thèmes (errance, solitude, identité) et la même écriture ne déclenchent pas le même plaisir de lecture… Mais Federico doute que ce soit la redondance qui ait atténué son intérêt, il pense plutôt que ce serait l’étrangeté des scénarios et la folie latente des héros, réitérés par trois fois, qui l’aient détaché de sa lecture. En effet, par sa mégalomanie, La Trilogie new-yorkaise manque de la réalité intimiste et romancée présente dans les autres œuvres de Paul Auster. Ici, on ne s’attache pas aussi facilement aux personnages qui deviennent alors plutôt fades et antipathiques.

Bien qu’œuvre phare et emblématique de Paul Auster, La Trilogie new-yorkaise n’est résolument pas dans les favoris de Federico. Notre ami lapin ne lui jette pas la pierre, mais ne la chérie non plus…

La Trilogie new-yorkaise, Paul Auster, Actes Sud, 2002 (version originale parue en 1987), 456 pages

17
Fév
13

La Brigade des crimes imaginaires

Un roman jeunesse de Daniel Nayeri.

noté 1 sur 4

Federico est très sceptique face à ce roman, certes atypique mais plutôt décevant. Face à la quatrième de couverture qui déploie des monceaux d’arguments commerciaux, notre ami lapin s’est senti vexé tant il a eu la désagréable impression d’être pris pour une huitre consumériste… « Toy Story, Matrix, Inception, The Watchmen », non seulement le roman s’approche très peu de ces références, mais c’est, selon lui, outrageusement déplacé de chercher à vendre un bouquin en ventant une culture populaire vaguement environnante plutôt que le livre en lui-même.

Bon, Federico descend de ses grands chevaux, oublie la couverture et entre dans le détail du roman.

En fait, il s’agit plutôt de quatre mini-romans, mais d’une qualité malheureusement inégale.

© Editions Hélium, 2012Fort d’un style narratif et d’un humour cynique bien marqué, l’auteur semble prendre plaisir à raconter ces histoires, il est vrai, étonnantes. Cependant, il est très difficile de rentrer dans chacune d’entre-elles, tant l’étrangeté des univers et la loufoquerie du ton de l’écriture déstabilisent et perdent les lapins. Il faut à chaque fois un petit moment avant de comprendre qui sont les personnages (nom, âge, mais aussi « race » car on trouve des djinns, des poissons, des jouets, des avatars de jeux vidéo, en plus d’humains plus ou moins normaux…) et dans quel univers tout ce beau monde évolue.

Par là-même, les histoires racontées ne parviennent pas à intéresser et captiver suffisamment pour prendre du plaisir à la lecture. Ceci est particulièrement vrai pour la seconde histoire : Duel à Toy Farm, dont le jeune héros est un épouvantail maladroit et patibulaire vivant dans une ferme qui cultive des jouets. L’histoire de La Brigade des crimes imaginaires (avec le concept des mauvais vœux qui se réalisent) et Notre-Dame-des-Traîtres (où le virtuel domine le monde) développent quant à elles des idées foisonnantes et inventives qui auraient méritées un roman à elles seules. Pour finir, Coco et Cloclo est une histoire d’amour de conte de fées racontée par la Mort en personne (un narrateur très cynique qui fait immanquablement penser au personnage de La Mort dans Les Annales du Disque-monde de Terry Pratchett) mais l’histoire est pourtant assez banale et longue à la détente…

Ainsi, les références à la culture populaire et geek mitraillées en quatrième de couverture ne sont pas au rendez-vous, et le tout se révèle assez brouillon, peu agréable à lire, maladroit, et parfois frustrant. On ne trouve presque aucun héros central à qui s’attacher, et un seul héros adolescent dont il faut un petit moment avant de déterminer s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille…

Dommage : l’humour et les idées sont là, mais l’emballage est mal fait.

Daniel Nayeri, La Brigade des crimes imaginaires et autres histoires fantastiques et déglinguées, traduit par Valérie Le Plouhinec, Hélium, 2012, 372 pages

23
Avr
12

Reste avec moi

Un roman (ado) de Jessica Warman

Les préjugés c’est mal.

Cette incontestable vérité, Federico la connaît bien et c’est pour cette raison qu’il lutte perpétuellement contre ces vilaines idées préconçues qui influencent ses opinions. Malheureusement, les erreurs de jugement touchent même les meilleurs et notre ami lapin va de ce pas vous le démontrer.

Voici les causes du préjugé qui a moisi la dernière lecture de Federico. La couverture du livre, tout d’abord :

Laissons reposer et envoyons la deuxième cause, le résumé de quatrième de couverture (Quoi ?! Tout cela ne serait qu’affaire de marketing ? Peut-être… Federico vous laisse en juger) :

« Quand la perfection et la beauté cachent une monstrueuse vérité…
Elizabeth avait tout pour être heureuse : belle, riche et un petit copain parfait. Pourtant, le matin de ses dix-huit ans, elle se réveille sur le bateau où elle a fait la fête avec ses amis. Et elle voit un corps flotter à la surface de l’eau : le sien…
Pourquoi est-elle encore là, spectatrice de sa propre mort ? Et pourquoi Alex, un garçon de son lycée disparu un an plus tôt, est-il avec elle ? Accident ou meurtre ? Ensemble, ils vont découvrir de terribles secrets trop longtemps enfouis… »

En voyant tout cela, Federico a commencé à regarder ce roman de haut. Un calcul s’est fait dans sa tête. Montage fantastico-romantico-toc + nuages électriques et verts (?!) + titre tout nul qui pue l’amour paranormo-impossible + champ lexical de l’atrocité insoutenable ET secrète + fille superficielle transformée en fantôme + guide mystérieux ET mort (rrrho, on ne devine pas du tout ce qu’il va advenir…) = Gossip Girl chez Black Moon.

Pour résumer, Federico s’attendait à subir une romance impossible chez les macchabées, mitonnée tout exprès pour les adolescentes qui trouvent que les mecs vivants, ça manque de mordant. Quelque chose comme ça en fait.

Alors qu’en réalité, ce n’est pas ça du tout. Mais alors pas du tout. Sauf que Federico a mis les 3/4 du livre à s’en rendre compte. Et ça lui a bien gâché sa lecture. Parce qu’à attendre quelque chose qui n’arrive pas, on passe à côté du récit et on s’ennuie. Avec le recul, cette longueur n’est pas à imputer qu’à l’erreur de jugement de notre ami lapin : Reste avec moi aurait mérité d’être moitié moins long. La première partie traîne beaucoup en longueur et brasse un peu d’air, trop occupée à planter le décor pour la deuxième partie. L’écriture, très ordinaire, ne parvient pas à relever la situation.

Malgré cela, il faut rendre justice à ce roman très sensible, sur un sujet assez douloureux (le résumé en fait un peu trop dans le genre « affreux et terrible », mais quand même, ça rigole passouvent) qui a profité des dernières pages pour émouvoir Federico. L’auteur sonde l’âme des personnages, toute en ambiguïtés, entre zones d’ombre et moments de grâce. Alors que la fourbe couverture nous vend une histoire fantastique et effrayante, Federico y a surtout vu le portrait désabusé de quelques gamins pourris gâtés. Elizabeth est un fantôme assez intéressant qui n’a rien de mieux à faire que de dresser le bilan de son existence doré et de gratter le vernis pour percer le mystère de sa mort. L’auteur joue le jeu du fantôme jusqu’au bout : ses spectres sont incapables de la moindre action ce qui les condamne à observer les vivants et à aller puiser les réponses dans leurs souvenirs. D’où une intrigue qui n’avance pas très vite.

Reste avec moi n’est donc pas un excellent roman mais il vaut bien mieux que ce que Federico en pensait. Notre ami lapin aurait dû écouter la personne qui le lui a mis entre les pattes en lui promettant un ouvrage original et surprenant.

Et pour être surpris, il a été surpris !

Jessica Warman, Reste avec moi, Fleuve Noir, avril 2012, 477 p. (Collection « Territoires »)




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