Une série jeunesse d’Audren.
C’est parce qu’il est un amoureux fou de Jane Austen et des sœurs Brontë que Federico a été attiré par les couvertures de la série Les Orphelines d’Abbey Road. Les orphelinats, les robes grises, les cols en dentelle, toussa… Les Orphelines, c’est un peu ça, mais avec d’autres choses encore ! Notre ami lapin a donc été positivement surpris par ces romans qui prennent une tournure inattendue, mais il s’est un peu ennuyé ensuite…
Au final, quelle est l’histoire ?
Pensionnaire de l’orphelinat d’Abbey Road, Joy conserve l’espoir de revoir un jour ses parents, disparus dans un naufrage. Cela fait pourtant des années qu’elle y réside, obéissant à l’éducation stricte des sœurs et se liant d’amitié avec Margarita, June, Prudence et les autres (jeune orpheline triste, éducation sévère et amitiés de dortoirs, check ! Pour le moment, on n’est pas loin de Jane Eyre). Lorsqu’elles découvrent le souterrain sous l’abbatiale, les jeunes filles ne se doutent pas des choses étranges et dangereuses qu’elles pourront y dénicher. Depuis leur dernière excursion, Prudence est comme possédée d’un mal étrange causé par le Diable Vert (ah tiens, du surnaturel, là on se sent plus chez Mary Shelley ou sur les hauts de Hurlevent !). C’est pour la guérir que Joy, accompagnée de l’espiègle Ginger aux pouvoirs étonnants, fera connaissance avec le mystérieux monde d’Alvénir (qui ressemble beaucoup au pays des merveilles d’Alice !).
On ne sait pas trop à quelle époque se déroulent les aventures de Joy, mais on situe tout de même vers la fin du XIXe siècle. Quoi qu’il en soit, on est inévitablement marqué par les références de la littérature anglaise, celle du vent sur les landes et des jeunes filles ballotées par la vie. Les Orphelines d’Abbey Road mêle donc le roman d’époque, le merveilleux et le surnaturel. Certains passages inquiétants peuvent donner le frisson, tout comme l’univers d’Alvénir amuse et éveille la curiosité. Mais c’est aussi une histoire sur la construction des liens : l’autorité, la famille, l’amitié voire l’amour. Alors qu’elles rêvent tout simplement d’être des enfants aimés et écoutés, les orphelines seront conduites à se rebeller face à la déraisonnable rigidité des adultes.
Joy réfléchi beaucoup à ce qu’elle est et à ce qu’elle apprend au fil de ses aventures. Notre ami lapin l’associe à une Alice plus mature et perspicace que l’héroïne de Lewis Carroll. Quant à l’univers d’Alvénir, fluctuant et absurde, c’est un Pays des merveilles revisité et approfondi. Les dialogues sont l’occasion de jeux de mots et de réflexions sensées face aux incongruités, et ce non sans rappeler avec plaisir l’autre côté du miroir…
Tout allait bien, donc, avec une préférence pour le deuxième tome.
Mais la lecture du troisième tome a été plus mitigée. Bon, Federico n’avait pas de grandes attentes, étant prêt à se laisser emporter n’importe où ! Mais cet opus, Les lumières du passé, est assez redondant vis-à-vis du deuxième : les orphelines retournent une seconde fois dans le monde d’Alvénir pour y chercher quelque chose (Federico ne sait plus quoi). Et ça cause, et ça marche, et ça cogite… Comme ça arrive souvent dans les univers parallèles, leurs habitants ont l’air moins consistants et plus neuneus que ceux du vrai monde, ce qui est assez dommage et ennuyant à la longue. Ajoutez à ça l’héroïne qui vire fleur bleue, et vous gagnez un lapin pas fâché de terminer sa lecture pour passer à autre chose !
Les orphelines d’Abbey Road, tome 1 : Le diable vert, Audren, 2012, L’école des loisirs, 288 pages
Les orphelines d’Abbey Road, tome 2 : Le monde d’Alvénir, Audren, 2013, L’école des loisirs, 304 pages
Les orphelines d’Abbey Road, tome 3 : Les lumières du passé, Audren, 2013, L’école des loisirs,