Pfiou, que de retard notre ami lapin a dans ses critiques en bande dessinée ! Et encore, comme vous devez vous en douter, il ne vous parle pas de tout ce qui lui passe sous le museau… Car il faut dire que Federico n’a pas eu de grandes révélations bédéesques, mais il y en a toutefois quelques unes qu’il a eu plaisir à lire, et il va de ce pas vous conter fleurette de l’une d’entre elles.
La Casati, la muse égoïste
Cette BD a pas mal étonné Federico, parce qu’elle changeait un peu de ce qu’on a pris l’habitude de nous faire lire à tout va. D’un côté il y a le dessin, coloré, libre et sans manières. D’un autre côté, il y a le ton du reportage qui a été adopté pour raconter l’histoire. Et d’un troisième côté (oui, cette BD est un triangle), il y a la vie étonnante de cette marquise pas comme les autres, sorte de « Lady Gaga de la Belle Époque ».
La bande dessinée enquête donc sur l’excentrique marquise italienne Luisa Casati Amman qui vécut pendant la première moitié du xxe siècle entre l’Italie, son pays natal, et Paris. Luisa et sa sœur Francesca perdent leurs parents lorsqu’elles sont adolescentes et deviennent alors toutes deux l’une des plus grandes fortunes italiennes. Au fil de ses rencontres et voyages, celle qu’on surnomme « La Casati » entre dans le milieu de l’art en devenant à la fois muse et mécène. Loin des convenances et grande adepte de la démesure, elle dilapide sa fortune en multipliant les réceptions mondaines, les dépenses luxueuses en châteaux, ameublements et vêtements, et autres frasques en tout genre. Se considérant elle-même comme une œuvre d’art, elle se teint les cheveux en rouge ou vert, se maquille les yeux de plus en plus noirs, et se promène dévêtue dans les rues, escortée de guépards et de serpents… quoi, vous ne faites pas ça, vous ? Dans les années 1930, endettée et démodée, la marquise voit ses biens vendus et se terre à Londres jusqu’à sa mort en 1957, un peu la loose quoi.
La Casati a fait le buzz, mais a été un peu oubliée (Federico lui-même ne la connaissait pas avant de lire cette BD), ne laissant de traces que dans les peintures dont elle fut modèle. C’est sûr qu’aujourd’hui, Google et Facebook auraient conservé bien plus qu’une dizaine de tableaux sur ses serveurs. Ce sont donc les trois côtés du triangle qui ont plu à notre ami lapin, car ils permettent de mettre un peu de légèreté et d’originalité dans une biographie dessinée, en résonance à l’exubérance d’une femme hors norme.
La Casati, la muse égoïste, Vanna Vinci, Dargaud, 2013
Ndl (note du lapin) : La bande dessinée est l’adaptation d’une biographie romancée écrite par Camille de Peretti et parue chez Stock.