Archive pour août 2010

15
Août
10

Pentathlon critique spécial BD

S’il pleut derrière votre fenêtre en ce mois d’août, peut-être avez-vous envie de vous pelotonner dans un fauteuil avec une bonne BD (ça n’est pas interdit en été, vous avez même droit à un chocolat chaud quand la météo ose vous faire un truc pareil). Si, au contraire, il fait un soleil magnifique, peut-être avez-vous envie de vous prélasser dans le transat avec une grenadine et une bonne BD (gentil mois d’août).
Quelque soit la décision de la météo, Federico peut vous aider sur un point : quelle BD ? Sur ce, voici cinq BD coups de cœur de notre lapin, qu’elles lui aient transpercé le cœur (au sens positif) il y a cinq ans, cinq mois ou cinq jours.

PARRONDO José, La presqu’île, L’Association, collection « Patte de mouche », 2007, 22 pages, 3 €

Tourdoreille est un petit bonhomme seul sur son îlot.
Seul, tout seul, il s’ennuie ? Pas le moins du monde. Il est bien trop occupé à penser, à dormir, à rêver et à se promener sur son territoire de 50 cm². Quitter son île lui permettra de vivre de folles aventures en mer.
Idiot et philosophe, peureux et téméraire, Tourdoreille est un petit personnage burlesque qui se révèle des plus attachant, tout comme le dessin minimaliste certes mais si expressif de Parrondo.

COMÈS Didier, Silence, Casterman, 1993, 153 pages, 17 €

Silence est muet, c’est l’idiot du village.
Il ne connait ni la colère, ni la haine ; c’est un être pur, doux comme un agneaux. Il est perdu au milieu du monde rural, violent et injuste, du milieu du XXe siècle où être différent est condamnable. Avec l’aide de la sorcière qui vit reculée dans les bois, il découvrira le secret de sa naissance, une porte ouverte au déchainement de la folie humaine.
Silence est une fresque magistrale en noir et blanc qui ne peut pas s’oublier.

PEDROSA Cyril, Trois ombres, Delcourt, collection « Shampooing », 2007, 268 pages, 17,50 €

C’est l’histoire d’une famille : le père, la mère, l’enfant, innocent. Est-ce son innocence qui lui vaut son départ, son sacrifice ?
Une aventure calme, une quête bouleversante, un mythe et une anecdote.
Federico ne sais pas comment interpréter ce livre, si ce n’est un voyage pour adieu, la douceur d’un souvenir triste, l’amour et le dévouement de parents, le renoncement au combat vain, le danger du bonheur, l’acceptation du malheur…
Mais à quoi bon l’interprétation face à la narration poétique et au trait courbé de Pedrosa ?

THOMPSON Craig, Blankets, manteau de neige, Casterman, collection « Écritures », 2004, 582 pages, 24,95 €

Il est difficile de parler du pavé graphique qu’est Blankets, tant il est bouleversant de sincérité et de mélancolie.
C’est son enfance dans une Amérique puritaine que Thompson trace à la mine grasse de son crayon. Un premier amour émouvant, un long questionnement sur la foi, la dureté du rapport aux autres…
Aussi léger qu’un flocon de neige, ce graphic novel est une véritable avalanche une fois refermé.

ACOCELLA MARCHETTO Marisa, Cancer and the City, L’iconoclaste, 2007, 212 pages, 22,90 €

Federico n’y connait pas grand chose en bande dessinée américaine, rien du tout même. Aussi, la découverte de Cancer and the City en fut une vraie, de découverte.
Marisa est une illustratrice-journaliste new-yorkaise pimpante et fashion. Ses articles couvrent aussi bien une enquête sur le « hype » que la tragédie du 11 septembre 2001. Atteinte du cancer du sein, elle relate alors son combat contre la maladie aidée par son entourage, notamment sa mère hypocondriaque et son nouveau petit ami aux petits soins.
Frais, drôle et émouvant, on s’habitue vite au graphisme énergique et coloré qui fait mouche.

12
Août
10

Les hommes couleurs

Roman de Cloé Korman

Voici le problème que traîne Federico depuis quelques jours : comment rendre justice au magnifique premier roman de cette talentueuse auteur.

La solution, il ne l’a pas trouvée… Il a lu beaucoup de choses sur le lauréat du Prix du Livre Inter et ne veux pas répéter, il voudrait faire aussi original que le livre qu’il a lu. Il va essayer quand même, alors place à un article certainement maladroit mais surement dithyrambique.

Commençons par l’histoire. Un résumé s’impose ? Certainement pas celui que les éditeurs du Seuil ont placardé au dos de l’ouvrage. Plus indigeste tu meurs. Résolument flemmard, Federico est parti en quête du résumé le plus respectueux. Bonne pioche sur le site teleobs.nouvelobs.com, où, en quelques lignes claires, le décor est planté :

« Les hommes-couleurs, c’est l’histoire d’un couple, employé d’une multinationale, qui dirige les travaux d’un tunnel destiné à livrer du pétrole mexicain vers les Etats-Unis, au mépris des lois du pays. Le tunnel devient la voie de passage des émigrants mexicains.

Pour la présidente du jury*, Catherine Clément ce roman est emprunt de “beaucoup de fraîcheur”, tout en mettant en perspective un problème majeur de notre temps : celui du passage des frontières. Un livre où se mêlent l’histoire d’une famille et l’épopée des migrations modernes. »

*Le jury en question est celui du Livre Inter, prix décerné par des lecteurs comme Federico et vous.

Voilà pour le résumé. Cloé Korman nous fait traverser le temps, entre le Mexique des années 50 – époque des premiers coups de pioche dans le sol – et les États-Unis des années 80, où un ingénieur part sur les traces de ce chantier mystérieux. Ce voyage est organisé avec précision et talent. En effet, Cloé Korman fait partie de ces auteurs qui savent manier la langue et qui ne le font qu’à bon escient. Loin de nous en mettre plein la vue avec des effets de style qui ne servent à rien, elle modèle la langue en toute humilité et fait naître des images inédites.

L’histoire racontée est complexe et Federico ne peut que vous inviter à aller la découvrir vous même. Pour vous convaincre d’affronter ce demi-pavé, il va donc essayer de vous parler de cette fameuse qualité d’écriture.

Les détails fourmillent, rien n’est laissé au hasard. Ici, pas de longue description mais une découverte des lieux traversés par les personnages comme ces derniers les ressentent. Le désert est omniprésent dans ce roman, car c’est cette surface aride et inhospitalière que doivent traverser les migrants. Voyez plutôt :

« Tu crois que dix millions d’êtres humains sont visibles à l’œil nu ? Le voyage qui ramène Georges et Florence à Minas Blancas traverse les sentiers innombrables de l’immigration, sans pourtant que la foule et les bruits ne leur parviennent. À dos de désert on ne voit rien du paysage. Il est nu, aussi lisse et brillant qu’un silex – si on se penche et le ramasse il ne dira rien du foyer qu’il a engendré ou de la bête qu’il a saignée, il se taira comme un autre caillou. »

Federico, conquis,  a peut-être le regard faussé, mais ces phrases sont pour lui des trésors d’écriture. Elles ajoutent à la texture de ce roman déjà riche d’une histoire et de personnages complexes,  liés les uns aux autres. Tout est en sons, en odeurs et en couleurs, surtout là où on ne les attends pas.

Plusieurs fois, Federico a arrêté sa lecture au détour d’un paragraphe si bien ficelé que pleins de sensations venaient lui titiller les moustaches. Arrêter de lire un instant, relire le passage pour s’en imprégner et surtout pour vérifier que le miracle des mots n’était pas une illusion d’optique, mais bien une prouesse d’auteur.

Goûtez cette dernière citation sans commentaires : « Il y a des êtres qui résistent, qui restent convaincus de la valeur de leur vie même quand l’air se dessèche autour d’eux. Même si la terre entière se changeait en pierre, ils continueraient de se savoir humain, et seront sauvés. »

Cloé Korman, Les hommes couleurs, éd. du Seuil, janvier 2010, 318 p.

19,50 €

07
Août
10

La vidéo bonne humeur

Federico ne le redira jamais assez : le fil d’ariane, c’est trop de la balle. Démonstration tout de suite maintenant. (À la fin de l’article, vous aurez compris le sens du titre. Dans les premiers paragraphes ça risque de ne pas être très évident)

Vous êtes un lapin en mal de divertissement, alors, vous décidez d’aller au cinéma voir le dernier blockbuster de Christopher Nolan, Inception. Dans ce film joue Joseph Gordon-Levitt. Comme vous l’avez trouvé sympa dans le film mais que vous ne connaissez rien à sa vie, vous foncez sur Imdb.com, base archi complète sur le cinéma. Et c’est là qu’Ariane vous attrape. Sur Imdb vous découvrez que l’acteur en question a joué dans la comédie romantique (500) jours ensemble. Tiens, c’est pas un film que vous aviez voulu voir lors de sa sortie ?  Ni une, ni deux, vous usez de moyens occultes afin de visionner le film. Une heure et trente six minutes plus tard, vous êtes ravis d’avoir vu cette charmante comédie avec de charmants acteurs, dont Zooey Deschanel (dont on va reparler plus tard). Curieux de nature, vous avez envie de savoir ce que d’autres internautes ont pensé du film. Vous tombez sur une critique qui propose un lien vers une vidéo. Vous cliquez et atterrissez sur une vidéo à laquelle vous ne vous attendiez pas.  C’est là que le titre de l’article se révèle être vachement bien trouvé :

Après vous être pâmé pendant deux minutes parce qu’ils dansent trop bien et que la musique est chouette comme tout, vous vous faites hameçonner de nouveau par notre amie Ariane. Car une question se pose : qui se cache derrière ce nom She and him ? Quel est donc ce charmant groupe ? Une rapide recherche et vous tombez de votre fauteuil : c’est Zooey Deschanel, et nulle autre, qui interprète les chansons du duo qu’elle forme avec M. Ward  (prononcer « m », pas monsieur). Vous suivez le fil et débarquez sur Deezer pour passer un excellent moment en écoutant (gratuitement pour l’instant) les deux albums de She and him. Trente minutes plus tard, vous êtes conquis.

Et voilà, en même pas trois heures, vous avez découvert un acteur, un film, une actrice et un groupe. Elle est pas belle la vie ? Et la vidéo, elle ne vous a pas mis de bonne humeur ? Hein ?

Maintenant il ne vous reste plus qu’à fermer les nombreux nouveaux onglets que ce perfide article vous a fait ouvrir.

01
Août
10

Les grabouilleurs favoris de Federico : Léo Timmers

Cet été Federico aimerait vous faire découvrir des gens qui grabouillent (équivalent du mot « illustrent » chez les lapins) ses histoires préférées. Comme il est en vacances, notre ami lapin n’a pas envie de vous expliquer ses choix, ses goûts, ses passions, sa vie… Au menu de cet article flemmard en plusieurs tomes : des biographies, des bibliographies, des liens et des livres qui ont fait faire des boums au cœur du rongeur.

Neumbeur oane : Léo Timmers

Grabouilleur et scribouilleur (ce veut dire qu’il écrit aussi les histoires) belge fabriqué en 1970 qui réjouit notre lapin avec des dessins haut en couleurs et en relief. Ses personnages ont une bouille qui ne laisse pas indifférent ! En France ce sont les éditions Milan et Magnard qui se partagent sa production, avec un net avantage à la première maison. Cliquez ici pour consulter sa bibliographie chez Milan. Ne cliquez nulle part pour accéder à celle de Magnard, rien à tirer du site de l’éditeur. Pff, il faut tout faire soi même. Donc, voici les trois ouvrages édités chez Magnard : Et si j’étais…, paru en 2000 ; Le pinceau d’or, écrit en 1999 par Daan Cupers et sur lequel il est difficile d’obtenir des informations ; le dernier, Dix petits cochons est paru la même année.

À présent, gros plan sur un l’album qui a marqué la tardive rencontre entre Léo Timmers et Federico : Je veux qu’on m’aime.

Voici l’irrésistible histoire d’un corbeau mal aimé qui tente de se faire accepter d’un groupe de colorés petits oiseaux en se peignant de toutes les couleurs. C’est l’échec. Quoique… Pas totalement.

Moralité, rien de mieux pour être aimé que de rester soi même. Plus facile à dire qu’à faire mais quand Federico lit cet album il y croit. Les oiseaux sont extrêmement expressifs : ils émeuvent, font rire. Comment ne pas craquer ? Federico veut élever ce court album au panthéon des historiettes les plus efficaces à apporter des couleurs dans l’esprit d’un lapin.

Je veux qu’on m’aime, Milan Jeunesse, septembre 2009, 24 p.

10,90 €

À suivre…





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