Un roman de Marie-Sabine Roger
De Marie-Sabine Roger, Federico a aimé La théorie du Chien Perché, brillant recueil de deux nouvelles sur le handicap, touchant et drôle. Des précédents romans de Marie-Sabine Roger, Federico n’a entendu que du bien.
Du dernier roman de Marie-Sabine Roger, Federico va vous dire du mal.
Le pitch est pourtant sympa : le héros, Mortimer, est victime d’une malédiction familiale qui veut que tous les mâles meurent le jour de leur trente-sixième anniversaire. C’est comme ça chez les Décime depuis des générations et des générations. Prévoyant, Mortimer n’a rien laissé au hasard pour que sa mort se passe sans encombre : appartement rendu, démission donnée, il a même enfilé son costume. C’est bien simple : il est prêt à être enterré. Sauf qu’arrivé au soir de son trente-sixième anniversaire, il faut se rendre à l’évidence : il n’est pas mort. Oui, mais pourquoi ?
La quatrième de couverture (la fourbe !) nous indique que passé l’étonnement de sa non-mort, Mortimer se retrouve dans une situation unique pour lui : continuer à vivre sans savoir quand sera la fin. Sauf que dans le livre, Mortimer met un temps infini à continuer à vivre. Déjà il nous explique en long en large et en travers les tenants et les aboutissants de la malédiction familiale. C’est long. Et après il nous raconte sa vie d’avant ou plutôt comment il a choisi de ne pas vivre pour mieux accepter la mort. Et comment il a laissé partir l’amour de sa vie. C’est long aussi.
Dit Marie-Sabine, il commence quand ton livre ?
Eh ben, justement, il ne commence pas. On reste englué dans le pitch de départ pendant 90 % de la lecture. Alors au début c’est marrant, les personnages sont sympas et originaux, les bons mots fusent. Mais rapidement on tombe dans le cliché, les personnages ne s’épaississent pas, l’histoire tourne en rond, devient prévisible. Arrivé au 10 % de la fin, on passe en mode guimauve et morale à deux balles : « il faut vivre ses rêves, suivre l’amour jusqu’au bout du monde et courir dans des prairies » [insérer un poney arc-en-ciel ici]
Alors oui, Federico est dur, mais il ne fallait pas l’habituer à de la qualité, lui promettre du très bon et lui servir cette gentille histoire un peu creuse.
Marie-Sabine Roger, Trente-Six Chandelles, éditions du Rouergue, août 2014, 277 p.