Archive pour janvier 2014

27
Jan
14

Saison brune

Une bande dessinée de Philippe Squarzoni.

noté 4 sur 4

Federico a trouvé cette bande dessinée au festival d’Angoulême.

Comment ça « le festival n’a pas encore eu lieu » ? Ah mais notre ami lapin vous parle de l’édition de l’année dernière ! Eh oui, il a mis un an à lire Saison brune. Pour être précis : 6 mois à s’y mettre, et 6 mois pour le lire. Pourquoi ?

Trois choses simples :

1. cette BD est un pavé : 480 pages, en noir et blanc.

2. cette BD est une enquête scientifique, économique et sociétale, sur le climat. Pointu donc.

3. cette BD est déprimante. Et oui, le changement climatique et la fin du monde, c’est déprimant.

Federico va avoir du mal à disserter sur cette bande dessinée, car il n’est pas un lapin savant, il aurait peur de dire des bêtises, et parbleu, 6 mois c’est long, on en oublie des trucs !

Quoi qu’il en soit, il FAUT que vous lisiez Saison brune ! Il s’agit d’un recueil condensé et un peu romancé des recherches et bilans sur le changement climatique (et une parfaite synthèse des documentaires d’Arte). On y parle du GIEC et de ses rapports, des ères climatiques, de l’activité humaine et de ses impacts, de la crise énergétique (et donc des énergies renouvelables et des énergies fossiles), des climato-sceptiques, des lobbys, de la hausse du niveau de la mer et ses conséquences, des mouvements de population, de l’ouragan Katrina, des gaz à effet de serre, des 4×4, de la surconsommation, des seuils critiques et des points de non retour, etc., etc. Toutes ces choses formidables et gaies qui donnent la banane à Federico !

© Delcourt, 2012Après avoir creusé à fond son sujet et esquissé les solutions promues par les défenseurs du climat, Squarzoni a une triste conclusion, avec laquelle malheureusement Federico est d’accord… Elle se résume en 3 points. 1. On sait ce qu’il faut faire pour éviter le point de non retour, 2. La porte de sortie est très étroite, 3. Mais on ne va pas prendre cette porte et foncer dans le mur, le changement de nos sociétés aura alors lieu, mais sous la contrainte et dans un climat d’inégalités aggravées entre les peuples. Youpi.

Néanmoins, notre ami lapin est très content d’avoir lu Saison brune, car il aime bien être au courant, et parce que c’est une bande dessinée de qualité : elle est extrêmement documentée, donc très sérieuse, mais certes ardue, donc il faut se concentrer. C’est autre chose que ça. Bon d’accord, ç’a n’est pas comparable !

En plus, le ton de l’auteur est nostalgique et parfois poétique. Et si le lyrisme est parfois trop éparpillé, cela reste bienvenue dans un livre politique et engagé (où on a parfois des pages entières de retranscription d’entretien…), et le message n’en est que plus fort : la beauté du monde que l’on connait actuellement est éphémère… et c’est nous qui en sommes le destructeur.

Il faut aussi compter avec les dessins qui gèrent agréablement le noir et blanc, d’un réalisme minutieux, à la fois figés et vivants… on dirait des photos en fait.

Pour notre ami lapin, cette bande dessinée est un pavé de chevet, un livre de référence, une source de questionnement et de réflexion. Et maintenant, il va lire le dernier Astérix.

Saison brune, Philippe Squarzoni, Delcourt, 2012, 480 pages

23
Jan
14

Marathon critique BD, spécial 0 carotte !

Il est d’usage de parler des lectures qui passionnent, questionnent ou enragent. Que l’on décerne 1 ou 4 carottes, tous les livres méritent leur critique (ou pas, si on a la flemme). Comme beaucoup de lecteurs, Federico en lit parfois des vertes et des pas mûres qui ne méritent même pas une critique 0 carotte, des « choses » qui font honte au papier recyclé sur lequel elles sont imprimées. Voici donc un marathon critique de BD qui, selon Federico, n’auraient pas dû être éditées…

noté 0 sur 4 Partout

Panda aime

© Delcourt, 2013Voilà un livre qui ne sert à rien, mais à rien du tout. Panda aime est l’adaptation d’un blog BD où sont relatés les activités et passions d’un panda : Panda aime arroser les réverbères, Panda aime le café, Panda aime le froid, se mettre en colère, se dissoudre… avec l’illustration qui accompagne le texte. Autant notre ami lapin se refuse d’avoir un avis tranché sur cette initiative bloguesque (lui-même est un lapin victime des trucs aussi intéressants que débiles du ouèbe), autant il ne cautionne absolument pas la publication papier du blog. Aucun intérêt, voilà tout. Federico pourrait se lancer dans un discours hargneux sur la nouvelle mode consistant à publier les blogs BD à la va-comme-je-te-pousse, histoire d’être sur le marché blogosphère et d’essayer de rafler les lecteurs du blog sans vraiment se questionner sur la pertinence d’une publication papier et d’une diffusion en librairie de ce genre de truc conçu à la base pour et par Internet. Dans la même veine, notre lapin agacé a lu l’adaptation papier de Le petit monde de Liz (blog mignon qu’il suit lui-même mais qui n’a pas grand intérêt une fois imprimé) et La petite mort, qu’il n’a pas trouvé aussi drôle que cela promettait.

starfuckeuseStarfuckeuse

Encore une BD qui non seulement ne sert à rien, mais qui est en plus très moche. Moche dans le dessin et les couleurs, mais aussi moche dans le texte et l’humour. Un humour qui n’est donc franchement pas drôle, ressemblant davantage à une private joke de l’auteure et ses copines. Federico a eu honte pour elle, mais aussi honte de lire ces pages totalement vide de sens et surtout de finesse. Il l’avoue, il a esquissé un sourire deux fois, mais ça ne suffit pas ! Ah mais il faut peut-être vous raconter de quoi ça cause. *soupir* Alors, c’est l’auteure qui nous raconte les fois où elle a couché (ou pas) avec des stars : Léonardo, Brad, Johnny, Richard, Angelina, Britney, etc. Deux questions demeurent : « Pourquoi ? » et « Mais qui va acheter ça ? »

Les Aventuriers de la mer, tome 1 : Vivacia

© Soleil, 2013Lorsqu’il était un lapereau boutonneux, Federico a englouti les romans fantasy de Robin Hobb : les cycles de L’Assassin royal et des Aventuriers de la mer. C’était génial ! L’adaptation en bande dessinée de L’Assassin royal ne l’avait pas vraiment convaincu, et il s’était arrêté au deuxième tome. Lorsqu’il a vu la couverture des Aventuriers de la mer, Federico s’est dit « noooonnn ! » Cette adaptation est la preuve intangible qu’il n’est pas donné à toute œuvre littéraire d’être adaptée sous une autre forme, que ce soit un roman adapté en BD, ou un livre adapté en film. Ici, la saga de Robin Hobb est buldozerée par la grosse machine Fantasy-Soleil : dessin approximatif et stéréotypé du genre, personnages vidés de toute profondeur et hissés au rang de tropes, subtilités du scénario lessivées à grands renforts de violons… Bref, c’est beurk.

Maintenant vous savez ce que vous n’avez pas besoin de lire, Federico a perdu quelques minutes de son temps précieux rien que pour vos beaux yeux… Merci qui ?

Panda aime, Keison, Delcourt, 2013

Starfuckeuse, Hélène Bruller, Delcourt, 2014

Les Aventuriers de la mer, tome 1 : Vivacia, Audrey Alwett (scénario) et Dimat (dessin), Soleil Productions, 2013

20
Jan
14

Des Portraits de Jane Austen

Il y a quelques temps, Federico a consacré un marathon critique à Jane Austen, , ici, re-là, re-re-là, re-ici, ici également, là enfin.

À diverses reprises, au cours de ses lectures, notre ami lapin a ressenti une étrange proximité avec l’auteur, comme si elle se tenait à quelques mètres de lui et non pas morte et enterrée depuis deux siècles. Cette sensation est d’autant plus incongrue qu’on ignore presque tout de la femme que Jane Austen a été et à peine plus de l’auteur. Seules quelques lettres ayant survécu à la censure de sa sœur Cassandra et d’autres conservées par ses neveux et nièces nous sont parvenues. À partir de ce peu, auteurs et réalisateurs ont tenté de dresser le portrait de cette femme si mystérieusement actuelle. Parmi toutes les bio-pics/-graphies, Federico en a vues/lues trois et va vous dire ce qu’il en a pensé.

Becoming Jane

©Miramax Films

« Lâchez ma main Miss Austen, vous m’écrasez les doigts ! »

Notre ami lapin n’a jamais vraiment eu envie de commenter ce film, mais l’occasion faisant le larron, il va tout de même aller puiser dans ses souvenirs pour vous en parler. Becoming Jane imagine l’histoire d’amour passionnelle entre la jeune Jane Austen et un certain Tom Lefroy, qui se serait terminée dans une fugue avortée et aurait servi d’inspiration pour le reste de son œuvre. Si on fait abstraction des personnages auquel le script s’attaque, le film est très agréable à regarder, bien écrit, bien interprété et on vibre pendant 2 heures au son de la passion qui étreint les deux protagonistes (oui, une passion qui étreint, ça fait du bruit). Mais voilà, pour Federico, le mot passion ne colle pas avec l’idée qu’il a de l’auteur : une femme mesurée qui se moque à plusieurs reprise dans son œuvre des impulsions amoureuses, leur préférant de loin la stabilité d’un mariage réfléchi. On peut certes penser que cette vision du monde peut lui être venue suite à une grosse casserole sentimentale de ce genre. Pourquoi pas. De toutes façons, Federico n’est pas plus capable qu’un autre de remplir les vides béants dans la biographie de Jane Austen. Le film n’a pas cette prétention non plus. Il cherche juste à apporter une réponse adaptée au public actuel à la question suivante : comment une femme restée célibataire toute sa vie a-t-elle pu dessiner un portrait aussi juste de la vie amoureuse de ses contemporains ? Becoming Jane propose l’expérience de terrain comme hypothèse, Federico préfère y voir la manifestation d’un grand talent d’observation.

Miss Austen regrets

©BBC

Jane Austen à l’air un peu triste mais sa sœur Cassandra n’en a rien à cirer, elle préfère rire avec les feuilles de l’arbre.

Beaucoup moins fougueux que Becoming Jane, ce téléfilm se concentre sur les dernières années de la vie de l’auteur et met l’accent sur sa notoriété d’écrivain et son rôle de tante, qu’elle prenait très au sérieux. Le téléfilm montre une Jane Austen ouvertement anti-conformiste et un brin égoïste. Ici le grand pari du scénario est de suggérer que l’auteur aurait regretté de ne pas s’être mariée. Encore une fois, rien dans les documents qui nous sont parvenus ne permet d’avancer une telle chose, mais on se doute bien que de telles confessions auraient été évidemment détruite par sa sœur Cassandra. Malgré cette réserve, Federico a été très ému par ce portrait de Jane Austen, Olivia Williams est très convaincante quand il s’agit de montrer la sensibilité de son personnage. Comme on s’en doute, la fin requiert un usage assez important de mouchoirs en papier. Notre ami lapin a par ailleurs remarqué que, comme dans Becoming Jane, la mère de l’auteur (qui a fini sa vie de façon très modeste auprès de ses deux filles célibataires) lui en veut beaucoup d’avoir refuser d’épouser un très bon parti qui lui aurait assuré l’aisance financière ainsi qu’à ses proches. On retrouve ici le trait de caractère principal des mères présentes dans les romans de Jane Austen : l’obsession du mariage avantageux. Dans les deux cas, les films oublient que les frères de l’auteur ont plutôt bien réussi et ont toujours veillé à ce que Mrs Austen, Jane et Cassandra ne manquent de rien.

Un portrait de Jane Austen

Allez, on quitte les écrans et on revient au papier. Bienvenue dans le monde tout bisounoursé de David Ce©Payotcil, universitaire anglais spécialiste de l’auteur. Pour caricaturer son propos, Jane Austen était un génie, belle, intelligente, drôle, sa famille était trop géniale, qu’est-ce qu’on se marre et dans la maison il y avait des papillons partout. Ouiiiiii !! (couinement extatique)

Bon, d’accord, Federico exagère un peu. Mais l’impression qu’il a eu en lisant ce livre est que l’admiration débordante de l’auteur pour son sujet… déborde un peu trop. Cet enthousiasme mis à part, le biographe se montre honnête et avoue beaucoup spéculer sur ce qui s’est passé entre les lettres qu’il cite. Ces dernières sont très intéressantes à lire. On y découvre une Jane très différente de la jeune femme passionnée de Becoming Jane : l’auteur ne cherche pas l’histoire d’amour planquée sous le tapis et au contraire nous montre une femme très à l’aise dans son rôle d’observatrice et comblée d’amour par sa famille (attention, lâcher de colombes dans 3, 2, 1…). Ce qui a le plus intéressé Federico dans ce portrait, c’est la présentation du milieu et de l’époque dans laquelle Jane Austen a vécu et dont elle a tiré le matériau de ses livres. Il s’avère que l’auteur était totalement en phase avec son environnement social et cela rend d’autant plus épatante sa capacité à nous parler avec cette voix intemporelle. N’étant pas un amateur de biographies, Federico a trouvé la lecture de ce livre très plaisante, son style le faisant presque passer pour un roman.

Finalement, Jane Austen peut rester tranquille, son aura de mystère n’est pas près de s’envoler. Un voyage en DeLorean s’impose aux plus curieux !

Becoming Jane, réalisé par Julian Jarrold, 2007

Miss Austen Regrets, réalisé par Jeremy Lovering, 2008

Un portrait de Jane Austen, David Cecil, traduit par Virginie Buhl, Payot, octobre 2013, 300 p.

13
Jan
14

Bad Ass, tomes 1&2

Deux bandes dessinées de Herik Hanna, Bruno Bessadi et Gaétan Georges.

Tome 1 : Dead End

noté 3 sur 4

© Delcourt, 2013 Dans le tome 1, le héros s’appelle Dead End et c’est un super-vilain qui écume les rues de Roman City en laissant derrière lui quelques gouttes de sang et autres dents cassées. Justicier uniquement pour sa pomme, il extermine autant les mafieux locaux que les super-héros (ceux qui défendent la veuve et l’orphelin)… Alors que Dead End se déchaine dans un flot d’hémoglobine et de bons mots, on découvre en parallèle son passé, alors qu’il n’était que Jack Parks, adolescent pustuleux, maladroit et souffre-douleur de son lycée.

Bad Ass est un comics savoureux au rythme endiablé. C’est son humour particulièrement noir qui a séduit notre ami lapin ! Les actions s’enchaînent avec efficacité et nous tissent un portrait complet de cet adolescent assez peu moral qui, après avoir été dangereusement lynché par ses persécuteurs, s’est vu doté d’un pouvoir extraordinaire : troquer sa laideur et sa malchance pour un charisme et une assurance à toute épreuve. Quant à sa rancœur et sa méchanceté, il les a conservées…

Les codes du comics sont ici revisités à la française, d’un point de vue à la fois admirateur et narquois qui prend plaisir à s’approprier ce genre adulé aux États-Unis. Très divertissante, la lecture de Bad Ass fait immanquablement penser aux films de Quentin Tarantino par son impolitesse, ses exagérations, ses dialogues acérés, et avec le second degré nécessaire pour prendre du recul face à la violence mise en scène. Ce premier tome fut donc pour Federico une approche plaisante et, surtout, originale des histoires de super-héros.

… Jusqu’à ce qu’arrive le deuxième tome…

Tome 2 : The Voice

noté 1 sur 4

badass2Le deuxième tome a laissé notre ami lapin dubitatif quant à l’efficacité de l’histoire de Sophie, super-vilaine appelée The Voice.

Dans ce tome, on ne retrouve pas le suspens qui fonctionnait plutôt bien dans le premier : celui de découvrir au fur et à mesure le passé du héros, en quoi consiste son pouvoir et se qu’il cache derrière son masque. Pour The Voice, il est évident dès les premières cases que l’héroïne, Sophie, a la faculté de lire dans les pensées et de dicter sa volonté à n’importe qui, en plus d’être véritablement cinglée, perverse et insensible. Peu bavarde, Sophie ne nous régale pas des dialogues percutants qui avaient fait mouche dans Dead End, et il y a très peu d’évolution de son personnage qui nous est présenté uniquement comme une petite fille puis une jeune femme à la folie dangereuse et injustifiée. De plus, le scénario se ficelle beaucoup moins habilement, donnant l’impression de vouloir accumuler le maximum de scènes violentes et malsaines pour satisfaire un public en quête de gore et d’une héroïne sexy…

Moins réussi au niveau du scénario et de la construction des personnages, The Voice insiste trop sur la provocation et l’immoralité, deux éléments qui n’était pourtant pas les seuls atouts du premier tome de Bad Ass, dommage.

Bad Ass, tome 1 : Dead End & tome 2 : The Voice, Herik Hanna, Bruno Bessadi et Gaétan Georges, Delcourt, 2013

07
Jan
14

Hérétiques, tome 1 : Le mystère Isolde

Un roman ado de Philippa Gregory.

noté 1 sur 4

Que dire d’une intrigue policière lorsqu’on a trouvé la soluce à la moitié de l’enquête ? Et que dire d’un héros beau et intelligent (et aux origines mystérieuses), qui rencontre une princesse belle et intelligente (et déshéritée par son méchant frangin) ? Pour le récit original et la profondeur des personnages, on repassera…

© Gallimard jeunesse, 2013Déjà, les convocations mystérieuses dans les bas-fonds humides par des encapuchonnés moyenâgeux, ça sent le complot et la société secrète… pas la tasse de thé de notre ami lapin. Du tout. Mais passé cette mise en bouche qui ne donnait pas vraiment faim, l’intrigue se déroule principalement dans un couvent, en Italie, où Luca Vero (un moine novice de 17 ans) est envoyé pour enquêter sur la mystérieuse folie des religieuses. Tout semble mettre en cause Isolde, la nouvelle abbesse, jeune princesse à la magnifique chevelure blonde qui a fait le choix du couvent plutôt que d’épouser un prince lubrique.

Comme il vous l’a dit, Federico a trouvé le coupable très vite, ce qui rend assez agaçante la crédulité de Luca qui a beau être canon (parce qu’avoir les yeux bleus est un gage indéniable de beauté…), est également affublé de formidables œillères (sauf pour voir les jolies religieuses et culpabiliser un peu, rapport à ses vœux de chasteté). Luca est accompagné d’un serviteur, Freize, le rigolo de service, ainsi que d’un clerc, Pietro, qui lui sert de secrétaire et de comptable, c’est toujours utile quand on chasse les démons !

Alors que le premier chapitre parle de mathématiques et des infidèles qui menacent la chrétienté, toute la suite du roman ne revient que très peu là-dessus. Ce premier chapitre ne semble être là que pour justifier l’intrigue un peu louche : un modeste moinillon est mandaté par le Vatican pour enquêter sur des faits étranges. Difficile d’y croire… Dommage, car l’aperçu du Moyen Âge, sans être convaincant, n’est pas totalement irréel, en l’occurrence sur l’importance de la religion et la place des femmes (soit épouses, soit nonnes). Mais malgré tout, ces efforts sont torpillés par les personnages caricaturaux qui forment les couples attendus : le beau mec avec la jolie nana, le serviteur rigolo avec la servante maure (chacun reste à sa place et les clous sont bien gardés !).

Une fois qu’il a résolu le mystère du couvent, Luca se rend dans un village où il doit déterminer si le loup-garou capturé doit être abattu. Là encore, à peine « l’enquête » commencée, on comprend le nœud du problème. En fait, tous les faits et gestes relatés dans l’histoire sont des énormes indices ! Avec cette absence de suspense trépidant, le texte n’est pas non plus aidé par son découpage très inégal : trois ou quatre chapitres à rallonges. Malgré tout, le roman se lit assez vite, mais ne brille pas par une narration exemplaire : l’histoire est plutôt mal racontée, avec beaucoup de redites, les dialogues sont assez pauvres et irréalistes, le tout dans une mise en scène parfois ridicule et une approche historique un peu trop légère… Bref, beaucoup de pages pour pas grand chose.

Alors qu’il ne pensait pas avoir détesté le roman, notre ami lapin se rend compte maintenant que cette lecture fut assez insipide et agaçante quant au manque flagrant d’originalité dans l’intrigue et les personnages, assez pour ne certainement pas avoir envie de se jeter sur la suite lorsqu’elle sortira.

Hérétiques, tome 1 : Le mystère Isolde, Philippa Gregory, traduit de l’anglais par Alice Marchand, Gallimard Jeunesse, 2013, 320 pages.




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