Une bande dessinée de Philippe Squarzoni.
Federico a trouvé cette bande dessinée au festival d’Angoulême.
Comment ça « le festival n’a pas encore eu lieu » ? Ah mais notre ami lapin vous parle de l’édition de l’année dernière ! Eh oui, il a mis un an à lire Saison brune. Pour être précis : 6 mois à s’y mettre, et 6 mois pour le lire. Pourquoi ?
Trois choses simples :
1. cette BD est un pavé : 480 pages, en noir et blanc.
2. cette BD est une enquête scientifique, économique et sociétale, sur le climat. Pointu donc.
3. cette BD est déprimante. Et oui, le changement climatique et la fin du monde, c’est déprimant.
Federico va avoir du mal à disserter sur cette bande dessinée, car il n’est pas un lapin savant, il aurait peur de dire des bêtises, et parbleu, 6 mois c’est long, on en oublie des trucs !
Quoi qu’il en soit, il FAUT que vous lisiez Saison brune ! Il s’agit d’un recueil condensé et un peu romancé des recherches et bilans sur le changement climatique (et une parfaite synthèse des documentaires d’Arte). On y parle du GIEC et de ses rapports, des ères climatiques, de l’activité humaine et de ses impacts, de la crise énergétique (et donc des énergies renouvelables et des énergies fossiles), des climato-sceptiques, des lobbys, de la hausse du niveau de la mer et ses conséquences, des mouvements de population, de l’ouragan Katrina, des gaz à effet de serre, des 4×4, de la surconsommation, des seuils critiques et des points de non retour, etc., etc. Toutes ces choses formidables et gaies qui donnent la banane à Federico !
Après avoir creusé à fond son sujet et esquissé les solutions promues par les défenseurs du climat, Squarzoni a une triste conclusion, avec laquelle malheureusement Federico est d’accord… Elle se résume en 3 points. 1. On sait ce qu’il faut faire pour éviter le point de non retour, 2. La porte de sortie est très étroite, 3. Mais on ne va pas prendre cette porte et foncer dans le mur, le changement de nos sociétés aura alors lieu, mais sous la contrainte et dans un climat d’inégalités aggravées entre les peuples. Youpi.
Néanmoins, notre ami lapin est très content d’avoir lu Saison brune, car il aime bien être au courant, et parce que c’est une bande dessinée de qualité : elle est extrêmement documentée, donc très sérieuse, mais certes ardue, donc il faut se concentrer. C’est autre chose que ça. Bon d’accord, ç’a n’est pas comparable !
En plus, le ton de l’auteur est nostalgique et parfois poétique. Et si le lyrisme est parfois trop éparpillé, cela reste bienvenue dans un livre politique et engagé (où on a parfois des pages entières de retranscription d’entretien…), et le message n’en est que plus fort : la beauté du monde que l’on connait actuellement est éphémère… et c’est nous qui en sommes le destructeur.
Il faut aussi compter avec les dessins qui gèrent agréablement le noir et blanc, d’un réalisme minutieux, à la fois figés et vivants… on dirait des photos en fait.
Pour notre ami lapin, cette bande dessinée est un pavé de chevet, un livre de référence, une source de questionnement et de réflexion. Et maintenant, il va lire le dernier Astérix.
Saison brune, Philippe Squarzoni, Delcourt, 2012, 480 pages