Tome 5 – L’énigme du message disparu
Roman ado de Nancy Springer
En 2006, Nancy Springer a eu la formidable idée de donner vie à la petite sœur du célèbre détective Sherlock Holmes. Pourtant, il aura fallu attendre 5 ans avant que Federico ne fasse la connaissance d’Enola en mettant son nez (par hasard) dans le cinquième tome de ses aventures. Que de temps perdu ! La découverte d’un tel univers aurait mérité d’avoir lieu plus tôt !
Pourtant le pari de départ est très risqué : marcher dans les traces du grand Conan Doyle en prétendant ouvertement que le plus grand détective d’Angleterre n’est pas Sherlock Holmes mais sa petite sœur, il fallait oser. Nancy Springer a osé et aurait pu se casser toutes les dents.
Eh bien il faut croire que cet auteur a une dentition de première qualité car elle relève le défi avec audace et respect pour le modèle. Celui-ci n’est pas envahissant ou convoqué à outrance. Ici Sherlock Holmes n’est plus un détective infaillible mais un frère dont Enola doit se cacher si elle ne veut pas se retrouver engoncée dans un corset au sein d’une institution pour jeunes filles comme il faut. Enola multiplie donc les couvertures afin de passer incognito et de mener ses enquêtes en toute tranquillité dans ce XIXe siècle où la place des femmes était plutôt à la maison à faire la popotte et à mourir en couches que sur la piste de dangereux criminels.
Dans ce tome 5 des aventures de la jeune détective (qui se lit tout à fait indépendamment des autres), Enola remue ciel et terre (discrètement) pour retrouver sa logeuse et éclaircir le mystère qui plane autour de son enlèvement. Cette enquête est d’autant plus importante pour elle que, sa mère ayant disparu quelques temps auparavant, elle considère sa logeuse comme une mère de substitution.
C’est cette profondeur psychologique qui donne sa force au récit. Enola Holmes est une jeune femme qui doit composer avec ses faiblesses pour résoudre ce mystère. Et elle va avoir du travail car Nancy Springer a concocté une intrigue très complète, riche en rebondissements et en personnages ambigus. En plus, elle écrit très bien et ne prend pas son lectorat pour un banc d’huîtres : le style est soigné et le vocabulaire assez recherché pour une série adressée initialement à un public de collège. Et pour couronner le tout, elle a créé un personnage attachant et drôle, ce qui ne gâte rien !
Un livre à recommander aux lecteurs de 11 à 111 ans (si votre mamie à 112 ans elle peut le lire aussi, ça lui rappellera son jeune temps…).
Les enquêtes d’Enola Holmes – Tome 5 – L’énigme du message disparu, Nancy Springer, Nathan, avril 2010, 191 p, 13 € 90.