Archive pour février 2012

29
Fév
12

Lucille

Une bande dessinée de Ludovic Debeurme.

noté 4 sur 4

Lucille a été une de ces lectures qui vous retournent un lapin comme une crêpe… Ce pavé de papier (500 pages) a été englobé par Federico d’une seule traite, et c’est comme cela qu’il se déguste : sans reprendre son souffle, impossible de toute façon.

C’est l’histoire de Lucille, auparavant une enfant boulotte, aujourd’hui une adolescente souffrant d’anorexie. C’est également l’histoire d’Arthur, fils de marin qui ne souhaite pas suivre les traces de son père. L’une habite au fond des bois, l’autre sur la falaise. Après leur dures épreuves solitaires, c’est l’histoire de leur rencontre, une découverte amoureuse à la fin de l’adolescence qui les fera renaître pour qu’ils puissent enfin prendre goût à la vie. Mais ces âmes combattantes pourtant longtemps éprouvées n’ont peut-être pas droit au bonheur…

Federico a été véritablement touché par la lecture de ce roman graphique qui se démarque en bien des points de ce qu’on peut avoir l’habitude de lire. Tout d’abord, pas de cases : le dessin de Ludovic Debeurme occupe la page comme bon lui semble mais avec ordre et logique, la lecture demeurant fluide et naturelle. Ainsi, une grande place est donnée aux espaces vides, laissant alors libre court aux décors et aux personnages qui se libèrent. De plus, le dessin défie les lois de l’anatomie, de la beauté et de la perfection : les têtes sont parfois disproportionnées, les corps chétifs, comme les héros ballotés par la vie.

La première partie du roman graphique développe un univers très onirique, qui vous transporte entre forêts, falaises et mer menaçante, les esprits de la nature ne semblent pas loin et le dessin torturé les suggère parfois… Le trait de Ludovic Debeurme est en effet déconcertant, pouvant faire penser aux dessinateurs américains. Si le lecteur peut être réticent au début, on apprend à apprécier ce trait épuré et libre à travers lequel les émotions passent avec force.

Oui, Lucille est une histoire triste et dure, mais la violence et la défaite n’empêchent pas la bande dessinée de faire passer une très belle et poignante histoire d’amour qui ne laisse pas indifférent…

Si vous appréciez Lucille, lisez la suite, Renée. Plus dure, elle a tiré une larme à Federico…

Lucille, Ludovic Debeurme, Futuropolis, 2006, 512 pages, 30 €

24
Fév
12

les grabouilleurs favoris de Federico : Sebastian Meschenmoser

Sebastian Meschenmoser peut faire son crâneur : il rejoint la glorieuse liste des grabouilleurs qui régalent les mirettes de notre ami lapin. Ce jeune allemand est un artiste bourré de talent (voir ses œuvres ici, si vous maîtrisez la langue de Goethe) qui a eu la bonne idée d’en faire profiter les enfants. Cela a donc permis à son travail de traverser le Rhin et d’arriver dans les étagères des libraires français.

Chronologiquement, la première rencontre de Federico avec Sebastian Meschenmoser a eu lieu grâce aux éditions Plume de Carotte et à la Leçon de vol, chroniquée ici. Mais le vrai coup de foudre a frappé Federico il y a quelques semaines alors qu’il feuilletait L’écureuil et l’étrange visiteur. Notre ami lapin a fondu devant les grabouillages vifs et décomplexés de cet excellent album. Il s’est donc précipité sur les autres aventures de cet écureuil qui n’est pas sans lui rappeler son cousin Fredo.

Quand on regarde le dessin de très près, on se dit que « ce grabouilleur fait n’importe quoi ! » mais l’ensemble est impressionnant de précision et de détails. Ce sont les expressions des personnages qui sont les plus réussies. Peur, surprise, amour, etc : en quelques coup de crayons de couleur, Sebastian Meschenmoser fait naître des scènes très vivantes. Dans ses dessins perce parfois une pointe de mélancolie, mais l’humour est là pour redonner une tendre légèreté à l’ensemble. Quand il enfile sa casquette d’auteur, le résultat est tout aussi poétique et drôle. Dans tous les cas, Federico rigole bien et c’est pour cela qu’il vous ordonne d’aller lire sur le champ TOUS les livres de Sebastian Meschenmoser. Vous n’aurez aucune excuse : il n’y en a que sept publiés en France.

Récapitulation :

Leçon de vol, Plume de Carotte, 2010.

Où comment un homme essaie d’aider son ami le pingouin à voler.

Les trois vœux de Molosse, Minédition, 2010.

La laine de magique de Molosse, Minédition, 2011.

Molosse, sa vie, son œuvre. Pas les albums préférés de Federico, mais inutile de vous défiler pour autant.

L’écureuil et la lune, Minédition, 2008.

L’écureuil et le printemps, Minédition, 2010

L’écureuil et la première neige, Minédition, 2009

L’écureuil et l’étrange visiteur, Minédition, 2012

Dans la forêt, vivent l’écureuil et ses amis. Le moindre changement dans leurs habitudes constitue un bouleversement sans précédent. Heureusement, l’écureuil a toujours une solution (absurde) pour remédier à cela. C’est drôle, c’est original, c’est plein de références, c’est génial !

23
Fév
12

Eureka Street

Un roman de Robert McLiam Wilson

Lors de sa dernière lecture, Federico a rencontré beaucoup de gens : Jake, Chuckie, Aoirghe, Roche, Max, Peggy, Caroline, Slat, Sceptic, Mary, etc.

« Tout ça ? », vous exclamez-vous, cher lecteur. Mais oui, car Eureka Street parle d’une rue, certes, mais aussi de la ville qu’il y a autour : Belfast. Dans cette cité irlandaise meurtrie par les attentas, chacun cohabite à sa façon avec la menace de la prochaine explosion.

Foisonnant, émouvant, drôle, surprenant, simple, indispensable… Il est difficile pour notre ami lapin de trouver les termes qui rendront le mieux hommage à un roman aussi généreux qu’Eureka Street. Gravitant affectueusement autour de ses personnages, Robert McLiam Wilson a construit un roman d’une richesse fabuleuse, véritable caverne d’Ali Baba pour les amoureux de la grande aventure du quotidien. Grâce à cette incursion dans la vie des habitants de Belfast, l’auteur signe une véritable déclaration d’amour à sa ville d’origine. Il nous rappelle ainsi que, plus que des richesses architecturales ou naturelles, ce qui fait la beauté d’une ville ce sont les gens qui y vivent.

Ce roman a été offert a Federico par quelqu’un qui voulait lui faire partager cette belle histoire. Aujourd’hui, notre ami lapin est donc ravi de vous avoir parlé de ce livre qui rejoint la liste de ses ouvrages préférés.

Robert McLiam Smith, trad. Brice Matthieussent, Eureka Street, éditions 10/18, 1999, 545 p.

13
Fév
12

Genesis

Un roman (ado) de Bernard Beckett.

La couverture de ce roman de science-fiction n’est pas passée inaperçue et avait de quoi attiser la curiosité de notre cher lapin. Le concept est prometteur : une jeune fille, Anaximandre, passe l’oral de l’examen d’entrée devant trois membres du jury de l’Académie. Son sujet d’étude : Adam Forde, l’homme qui, des années auparavant, a entraîné la fin du régime de la République de Platon. Résistant malgré lui, il sera condamné à converser avec le robot Art qui a l’apparence d’un orang-outan, et dont les capacités intellectuelles se développent lorsqu’il interagit avec des humains.

L’héroïne poursuit son exposé pendant les cinq heures qui lui sont imparties, elle doit faire preuve de son esprit d’analyse et tente parfois d’interpréter différemment les faits historiques. D’une manière étrange, toutes ses réactions émotionnelles sont scrutées par le jury qui l’entraîne dans des réflexions psychologiques et philosophiques sur la vie d’Adam Forde.

État totalitaire, révoltes, héros résistants, robots… l’univers dystopique est bien présent dans le livre, mais il se réfère à l’époque d’Adam Forde, des dizaines d’années avant le temps du récit. Des questions essentielles pour le lecteur sont sans réponse : si la République de Platon n’est plus, dans quelle société vit aujourd’hui Anax ? Quelle est cette Académie pour laquelle elle postule ? Ce manque de repères est perturbant pour le lecteur qui se plonge alors dans l’histoire d’Adam Forde, devinant que la clé du mystère s’y trouve.

L’énigme a donc de quoi tenir en haleine, et notre lapin a en effet été secoué par la révélation finale qui se dévoile à l’avant-dernière page… Mais, si c’est certes le moment logique pour donner la réponse qui explique tout le roman, c’est un peu trop tard : Federico était un peu perdu, sonné par les considérations philosophiques et les retors de la relation entre Adam et Art. De plus, l’histoire développe très peu de personnages : elle se déroule dans un huis clos entre Anaximandre et le jury, et relate principalement les échanges entre Adam Forde et Art. Federico a donc eu du mal à s’investir dans ce roman pourtant très bien construit et au dénouement, sinon brutal, efficace.

Bernard Beckett, Genesis, Gallimard Jeunesse, 192 pages, 11,50 €




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