Un roman (adulte) de Brando Skyhorse
À mille lieues du terrier de Federico, il y a une ville qui s’appelle Los Angeles, la Cité des anges. Cette grande ville abrite de nombreux humains aux origines multiples : les blancs aisés, les noirs du ghetto, les nouveaux arrivants asiatiques et les latinos. Ce sont ces derniers qui sont au cœur de l’histoire des Madones d’Echo Park, et plus précisément les immigrés mexicains.
Dans ce livre, nous trouvons une communauté qui nous semble violente et impitoyable envers elle-même, qui se sent à la fois confinée dans un quartier et rejetée de ses terres. Ses habitants sont en recherche constante de leur identité : sont-ils mexicains ou bien américains ? Doivent-ils parler espagnol ou bien anglais ? Peuvent-ils fréquenter des « étrangers » ?
Sur trois générations, le lecteur découvre les parcours d’une famille éparpillée. Parents et enfants peinent à tisser des liens avec leur proches, ils se croisent sans se connaitre dans ce pays qui les renie et les refoule. Il y a le travailleur clandestin qui risque chaque jour de trouver un mauvais boulot ; le chauffeur de bus qui traverse chaque quartier de la ville et les ethnies qui les peuplent ; la femme de ménage qui nettoie les saletés de la vie morne des riches blancs des beaux quartiers sécurisés ; le caïd qui revient en ville après plusieurs années en prison. Et il y a aussi la jeunesse, surtout, particulièrement féminine, qui nous semble avancer plus vaillamment, et qui est peut-être plus chanceuse ? Une jeunesse qui tente à son tour de vivre librement, en quête d’une identité personnelle et non communautaire, tout en restant malgré tout irrémédiablement attachée à son quartier, Echo Park, où tous se côtoient quotidiennement, sans vouloir y faire attention…
Federico a été happé par ces personnages énergiques, attachants ou détestables, et leurs destinées bien souvent tragiques mais empruntes d’une espérance confiante et salutaire. L’écriture de Brando Skyhorse donne véritablement à voir la réalité de l’âme de chacun, ses défauts et ses doutes, ses souhaits et ses plaisirs. La lecture est vraiment captivante, en raison de la richesse à la fois stylistique et thématique dont le roman regorge, mais aussi pour l’intérêt qu’il y a à découvrir la peinture d’une ville et de ses habitants qui se trouve si loin, mais si proche entre nos mains…
Les madones d’Echo Park, Brando Skyhorse, L’Olivier, 2010, 300 pages, 22 €