Deux bandes dessinées de Guy Delisle.
Souvenez-vous (pour les nouveaux, qu’est-ce que vous attendez pour vous plonger dans les entrailles de la bibliothèque de Federico ?), il y a 1 an, votre ami lapin vous parlait de Pyongyang et Chroniques de Jérusalem. Depuis tout ce temps, il a lu les deux autres récits de voyages de Guy Delisle. Cette fois-ci, Federico est partagé. Alors que Pyongyang et Chroniques de Jérusalem l’avaient régalé chacun à leur manière, Shenzen et Chroniques birmanes ne sont pas sur le même pied d’efficacité. En fait, c’est surtout Chroniques birmanes qui a déçu et un peu ennuyé notre ami lapin.
Cet opus suit le même principe que Jérusalem : la somme de petites anecdotes qui retracent la vie quotidienne de l’auteur dans une ville, ici Rangoun sous le régime birman. Alors que son épouse travaille pour Médecins sans frontières, lui est homme au foyer, s’occupant de son fils et peinant à travailler sur ses bandes dessinées ; il s’ennuie pas mal, déprime un peu, et fait beaucoup de ballades à poussette (comme sur la couverture). Il n’y peut rien, le pauvre, mais c’est ça qui a refroidi Federico qui ne retrouvait pas le décryptage passionnant présent dans Jérusalem et qui permettait de mieux connaître la ville en question. Bien que l’on apprenne quantité de choses sur la Birmanie, cela demeure un peu flou, voire noyé dans le reste de la BD, les chroniques birmanes étant un peu longues pour le coup.
Chroniques birmanes, Guy Delisle, 2007, Delcourt, collection « Shampoing », 224 pages
Quant à Shenzen, votre lapin favori a vraiment apprécié ! De tous, cet opus est celui où l’humour est le plus visible. Normal : face à l’incongruité et la monotonie de cette ville chinoise où les gens ne font que travailler, à deux pas de l’effervescence et du multiculturalisme de Hong Kong, on se délecte du regard grinçant et amusé de l’auteur, mais avec une pointe de tristesse tout de même. En parallèle avec Pyongyang où la dictature est (on va dire) « assumée », Shenzen montre les ressorts (et les failles) de la puissance mondiale qu’est désormais la République populaire de Chine. Le dessin est plus sombre, dense et travaillé, moins « ligne claire » que celui de Jérusalem et Birmanes, et donne un aspect déprimant et fantomatique à cette ville. La bande dessinée jouit alors d’une identité plus singulière et romancée que le simple carnet de voyage.
Shenzen, Guy Delisle, 2000, L’Association, 200 pages