Posts Tagged ‘jeunesse

02
Juil
14

Marathon critique BD, back in 2013

Allez hop, finis la glandouille ! Parce qu’il sait qu’il ne peut pas revenir dans la place avec des petites critiques en loucedé, Federico vous offre ce marathon critique BD. Ne le remerciez pas, il est périmé depuis un an… Et oui, que des bandes dessinées datées de 2013 !

Les 24 heures (Notes, tome 8)

© Delcourt, 2013Alors que les derniers tomes de Notes perdaient peu à peu l’intérêt de notre ami lapin, celui-ci, Les 24 heures, est plutôt pas mal. C’est principalement parce qu’on y retrouve les chouettes histoires de Boulet imaginées et créées pendant les 24 heures de la BD. En plus des récits originaux, Federico salue aussi les planches de transition qui apportent ici une vraie valeur ajoutée par rapport aux tomes précédents, tout simplement parce que Boulet nous parle de son métier d’auteur de bande dessinée : d’où vient l’inspiration, comment être imaginatif, quelles sont nos références, les avantages des contraintes, les problèmes du scénariste et ceux du dessinateur, etc., le tout avec en arrière-plan (on y échappe pas) les ingrédients du « personnage Boulet » : thématiques de l’enfance, du fantastique et de la nature, humour, onirisme, geekitude et parisianisme. Et non, la couverture n’est pas phosphorescente, un manque qui aurait dû conduire à un échec éditorial et commercial. Comprend pas.

Les 24 heures, Notes : tome 8, Boulet, Delcourt, 2013, 208 pages

Angela et Clara

© Gallimard, Bayou, 2013Federico ne s’y attendait pas, mais cette bande dessinée est vraiment très sympa ! C’est à cause de la couverture, aux couleurs un peu délavées et au dessin enfantin, que notre ami bédéphile avait des doutes. Mais une fois ouverte, c’est la surprise ! Le style graphique n’est autre que celui de la ligne claire (Hergé, si tu nous entends), un peu vieille école au premier abord mais finalement bien maîtrisé, vivant et donc efficace. Ajoutez à cela un humour doux et décalé, une grande sociabilité, beaucoup de bonne humeur, et vous obtenez les aventures de ce duo attachant : Angela et Clara. Dégourdies et baroudeuses, ces deux pré-ados espagnoles traînent dans le quartier les mains dans les poches pendant les longues journées ensoleillées, repoussant l’heure des devoirs pour zoner avec leurs potes ou en binôme. L’apparente simplicité est étoffée par des personnages secondaires bien approfondis, mais aussi par les thématiques abordées : les rots et les pets, la masturbation, la sexualité des parents et les prostituées, sans jamais en faire des tonnes et sans vulgarité, conservant une fraicheur bienvenue et des émotions tout aussi fortes. Vraiment sympa, vous dit Federico ! La suite va-t-elle être traduite ?

Angela et Clara, Calo, Gallimard, « Collection Bayou », 2013, 96 pages

Le boxeur

© Casterman, 2013Après Angela et Clara mais dans un tout autre registre, Le boxeur a également été une surprise pour Federico qui ne s’attendait pas à être accroché par cette bande dessinée pas gaie du tout. Il s’agit de l’histoire vraie de Hertzko Haft, un jeune polonais qui, pour survivre dans les camps de la mort, est contraint de mener des combats de boxe contre d’autres prisonniers afin de divertir les officiers nazis. Après la libération des camps, il remporte le championnat de Munich avant d’émigrer aux États-Unis dans l’espoir d’y retrouver son amour de jeunesse. Le dessin énervé à l’encre noire fait écho à ce jeune homme impétueux et rageur qui a dû se battre pour sa survie tout au long de son adolescence. Le ton et le sujet du Boxeur (le récit du père retranscrit en bande dessinée par le fils) font immanquablement pensé à Maus d’Art Spiegelmann, et au plus récent Deuxième génération de Michel Kichka, que vous devriez déjà avoir lus, chenapans !

Le boxeur, Reinhard Kleist, Casterman, collection « Écritures », 2013, 208 pages

Marx

© Dargaud, 2013« La vie de Marx, racontée par Marx », c’est le principe de la bande dessinée. « Intéressant mais rapide », voilà ce qu’en a pensé Federico… Certes, le ton direct et le dessin souple, coloré et animé, nous rendent ce petit personnage familier et attachant, tout en relevant les incongruités de son mode de vie par rapport à l’idéal de son discours : bien qu’il connut en effet des périodes de grande pauvreté, Marx put bénéficier de plusieurs héritages (!) grâce à son ascendance bourgeoise juive, et à celle, catholique, de son épouse. Mais si la bande dessinée fait l’autoportrait complet de Marx et de sa vie, on regrette qu’elle approfondisse si peu la philosophie du père du communisme : l’aperçu donné sur l’athéisme, l’anarchie, l’anticapitalisme, est assez bref et ne nous donne pas de véritables clés pour comprendre l’évolution de ses idées. La bande dessinée reste néanmoins une lecture divertissante et instructive pour approcher le personnage de Marx, mais pas indispensable pour ceux qui veulent faire la révolution…

Marx, Corinne Maier et Anne Simon, Dargaud, 2013, 62 pages

03
Fév
14

Les Orphelines d’Abbey Road

Une série jeunesse d’Audren.

noté 2 sur 4

C’est parce qu’il est un amoureux fou de Jane Austen et des sœurs Brontë que Federico a été attiré par les couvertures de la série Les Orphelines d’Abbey Road. Les orphelinats, les robes grises, les cols en dentelle, toussa… Les Orphelines, c’est un peu ça, mais avec d’autres choses encore ! Notre ami lapin a donc été positivement surpris par ces romans qui prennent une tournure inattendue, mais il s’est un peu ennuyé ensuite…

© L'école des loisirs, 2012Au final, quelle est l’histoire ?

Pensionnaire de l’orphelinat d’Abbey Road, Joy conserve l’espoir de revoir un jour ses parents, disparus dans un naufrage. Cela fait pourtant des années qu’elle y réside, obéissant à l’éducation stricte des sœurs et se liant d’amitié avec Margarita, June, Prudence et les autres (jeune orpheline triste, éducation sévère et amitiés de dortoirs, check ! Pour le moment, on n’est pas loin de Jane Eyre). Lorsqu’elles découvrent le souterrain sous l’abbatiale, les jeunes filles ne se doutent pas des choses étranges et dangereuses qu’elles pourront y dénicher. Depuis leur dernière excursion, Prudence est comme possédée d’un mal étrange causé par le Diable Vert (ah tiens, du surnaturel, là on se sent plus chez Mary Shelley ou sur les hauts de Hurlevent !). C’est pour la guérir que Joy, accompagnée de l’espiègle Ginger aux pouvoirs étonnants, fera connaissance avec le mystérieux monde d’Alvénir (qui ressemble beaucoup au pays des merveilles d’Alice !).

On ne sait pas trop à quelle époque se déroulent les aventures de Joy, mais on situe tout de même vers la fin du XIXe siècle. Quoi qu’il en soit, on est inévitablement marqué par les références de la littérature anglaise, celle du vent sur les landes et des jeunes filles ballotées par la vie. Les Orphelines d’Abbey Road mêle donc le roman d’époque, le merveilleux et le surnaturel. Certains passages inquiétants peuvent donner le frisson, tout comme l’univers d’Alvénir amuse et éveille la curiosité. Mais c’est aussi une histoire sur la construction des liens : l’autorité, la famille, l’amitié voire l’amour. Alors qu’elles rêvent tout simplement d’être des enfants aimés et écoutés, les orphelines seront conduites à se rebeller face à la déraisonnable rigidité des adultes.

Joy réfléchi beaucoup à ce qu’elle est et à ce qu’elle apprend au fil de ses aventures. Notre ami lapin l’associe à une Alice plus mature et perspicace que l’héroïne de Lewis Carroll. Quant à l’univers d’Alvénir, fluctuant et absurde, c’est un Pays des merveilles revisité et approfondi. Les dialogues sont l’occasion de jeux de mots et de réflexions sensées face aux incongruités, et ce non sans rappeler avec plaisir l’autre côté du miroir…

Tout allait bien, donc, avec une préférence pour le deuxième tome.

Mais la lecture du troisième tome a été plus mitigée. Bon, Federico n’avait pas de grandes attentes, étant prêt à se laisser emporter n’importe où ! Mais cet opus, Les lumières du passé, est assez redondant vis-à-vis du deuxième : les orphelines retournent une seconde fois dans le monde d’Alvénir pour y chercher quelque chose (Federico ne sait plus quoi). Et ça cause, et ça marche, et ça cogite… Comme ça arrive souvent dans les univers parallèles, leurs habitants ont l’air moins consistants et plus neuneus que ceux du vrai monde, ce qui est assez dommage et ennuyant à la longue. Ajoutez à ça l’héroïne qui vire fleur bleue, et vous gagnez un lapin pas fâché de terminer sa lecture pour passer à autre chose !

Les orphelines d’Abbey Road, tome 1 : Le diable vert, Audren, 2012, L’école des loisirs, 288 pages

Les orphelines d’Abbey Road, tome 2 : Le monde d’Alvénir, Audren, 2013, L’école des loisirs, 304 pages

Les orphelines d’Abbey Road, tome 3 : Les lumières du passé, Audren, 2013, L’école des loisirs,

07
Jan
14

Hérétiques, tome 1 : Le mystère Isolde

Un roman ado de Philippa Gregory.

noté 1 sur 4

Que dire d’une intrigue policière lorsqu’on a trouvé la soluce à la moitié de l’enquête ? Et que dire d’un héros beau et intelligent (et aux origines mystérieuses), qui rencontre une princesse belle et intelligente (et déshéritée par son méchant frangin) ? Pour le récit original et la profondeur des personnages, on repassera…

© Gallimard jeunesse, 2013Déjà, les convocations mystérieuses dans les bas-fonds humides par des encapuchonnés moyenâgeux, ça sent le complot et la société secrète… pas la tasse de thé de notre ami lapin. Du tout. Mais passé cette mise en bouche qui ne donnait pas vraiment faim, l’intrigue se déroule principalement dans un couvent, en Italie, où Luca Vero (un moine novice de 17 ans) est envoyé pour enquêter sur la mystérieuse folie des religieuses. Tout semble mettre en cause Isolde, la nouvelle abbesse, jeune princesse à la magnifique chevelure blonde qui a fait le choix du couvent plutôt que d’épouser un prince lubrique.

Comme il vous l’a dit, Federico a trouvé le coupable très vite, ce qui rend assez agaçante la crédulité de Luca qui a beau être canon (parce qu’avoir les yeux bleus est un gage indéniable de beauté…), est également affublé de formidables œillères (sauf pour voir les jolies religieuses et culpabiliser un peu, rapport à ses vœux de chasteté). Luca est accompagné d’un serviteur, Freize, le rigolo de service, ainsi que d’un clerc, Pietro, qui lui sert de secrétaire et de comptable, c’est toujours utile quand on chasse les démons !

Alors que le premier chapitre parle de mathématiques et des infidèles qui menacent la chrétienté, toute la suite du roman ne revient que très peu là-dessus. Ce premier chapitre ne semble être là que pour justifier l’intrigue un peu louche : un modeste moinillon est mandaté par le Vatican pour enquêter sur des faits étranges. Difficile d’y croire… Dommage, car l’aperçu du Moyen Âge, sans être convaincant, n’est pas totalement irréel, en l’occurrence sur l’importance de la religion et la place des femmes (soit épouses, soit nonnes). Mais malgré tout, ces efforts sont torpillés par les personnages caricaturaux qui forment les couples attendus : le beau mec avec la jolie nana, le serviteur rigolo avec la servante maure (chacun reste à sa place et les clous sont bien gardés !).

Une fois qu’il a résolu le mystère du couvent, Luca se rend dans un village où il doit déterminer si le loup-garou capturé doit être abattu. Là encore, à peine « l’enquête » commencée, on comprend le nœud du problème. En fait, tous les faits et gestes relatés dans l’histoire sont des énormes indices ! Avec cette absence de suspense trépidant, le texte n’est pas non plus aidé par son découpage très inégal : trois ou quatre chapitres à rallonges. Malgré tout, le roman se lit assez vite, mais ne brille pas par une narration exemplaire : l’histoire est plutôt mal racontée, avec beaucoup de redites, les dialogues sont assez pauvres et irréalistes, le tout dans une mise en scène parfois ridicule et une approche historique un peu trop légère… Bref, beaucoup de pages pour pas grand chose.

Alors qu’il ne pensait pas avoir détesté le roman, notre ami lapin se rend compte maintenant que cette lecture fut assez insipide et agaçante quant au manque flagrant d’originalité dans l’intrigue et les personnages, assez pour ne certainement pas avoir envie de se jeter sur la suite lorsqu’elle sortira.

Hérétiques, tome 1 : Le mystère Isolde, Philippa Gregory, traduit de l’anglais par Alice Marchand, Gallimard Jeunesse, 2013, 320 pages.

03
Mai
13

La liste

Un roman (ado) de Siobhan Vivian

noté 3 sur 4

L’auteur dont Federico va vous parler a eu la très bonne idée d’aller mettre son nez dans les affaires d’un lycée américain et de ne pas se contenter de gratter en surface. Elle y est allée au tractopelle et c’est tant mieux.

Tous les ans, le début d’année au lycée de Mount Washington est l’occasion de la publication d’une liste des plus déconcertantes : elle désigne la plus moche et la plus belle des filles de chaque niveau. En plus d’être un acte de pure méchanceté gratuite, cette liste n’est bien évidemment pas signée. Une semaine avant le bal de début d’année, le couperet tombe et les huit lauréates n’ont plus qu’à en subir les conséquences.©Nathan

C’est cette semaine cruciale entre la parution de la liste et le sacro-saint bal que l’auteur nous propose de vivre aux côtés de ces filles qui se retrouvent du jour au lendemain obligées de se justifier d’être belle ou moche. Là ou Siobhan Vivian pourrait nous servir une histoire mièvre centrée sur « l’importance de la beauté intérieure » (à prononcer avec une voix de mijaurée) avec transformation des moches en bombasses (il n’y a que dans les fictions que calque photoshop a remplacé le maquillage), elle nous épargne la guimauve. Ses héroïnes sont très humaines, sans exception. Chacune avance avec ses casseroles et lutte comme elle le peut. Que l’on soit désignée belle ou moche, la problème est le même : le regard des autres est radicalement modifié par la liste. Entre celles qui se retrouvent subitement entourées d’amies toutes neuves et celles qui luttent pour garder la tête haute, une constante demeure : il faut reprendre le contrôle de son image.

Cette étrange tradition a surtout été l’occasion de partager le quotidien de ces jeunes filles qui évoluent dans un univers où les apparences sont reines. Il ne s’agit pas de dire si c’est bien ou si c’est trop méchant, bouh. C’est pas drôle mais c’est comme ça, voyons comment le vivent ces huit là. Plus qu’une histoire avec un début et une fin, La liste est un petit instantané dans la vie de ces adolescentes dont le seul point commun est d’être placées sur le devant de la scène. La liste est une épreuve parmi d’autres : la famille, les copines, les notes, le sport, l’amour, etc, sont finalement bien plus importantes dans leur vie et c’est ce que l’auteur nous montre avec beaucoup de talent.

L’écriture est ultra basique, comme souvent en roman ado mais sa neutralité renforce l’empathie que le lecteur peut ressentir pour ses filles : on n’est pas là pour juger. L’auteur jongle entre la personnalité unique de chacune de ses héroïnes et le côté universel de leur réaction. En assemblant ces huit voix, elle compose un texte sensible plein de lucidité, mais aussi d’optimisme.

Et puis n’oublions pas la petite interrogation qui a titillé les moustaches de Federico : qui se cache derrière la liste ?

17
Fév
13

La Brigade des crimes imaginaires

Un roman jeunesse de Daniel Nayeri.

noté 1 sur 4

Federico est très sceptique face à ce roman, certes atypique mais plutôt décevant. Face à la quatrième de couverture qui déploie des monceaux d’arguments commerciaux, notre ami lapin s’est senti vexé tant il a eu la désagréable impression d’être pris pour une huitre consumériste… « Toy Story, Matrix, Inception, The Watchmen », non seulement le roman s’approche très peu de ces références, mais c’est, selon lui, outrageusement déplacé de chercher à vendre un bouquin en ventant une culture populaire vaguement environnante plutôt que le livre en lui-même.

Bon, Federico descend de ses grands chevaux, oublie la couverture et entre dans le détail du roman.

En fait, il s’agit plutôt de quatre mini-romans, mais d’une qualité malheureusement inégale.

© Editions Hélium, 2012Fort d’un style narratif et d’un humour cynique bien marqué, l’auteur semble prendre plaisir à raconter ces histoires, il est vrai, étonnantes. Cependant, il est très difficile de rentrer dans chacune d’entre-elles, tant l’étrangeté des univers et la loufoquerie du ton de l’écriture déstabilisent et perdent les lapins. Il faut à chaque fois un petit moment avant de comprendre qui sont les personnages (nom, âge, mais aussi « race » car on trouve des djinns, des poissons, des jouets, des avatars de jeux vidéo, en plus d’humains plus ou moins normaux…) et dans quel univers tout ce beau monde évolue.

Par là-même, les histoires racontées ne parviennent pas à intéresser et captiver suffisamment pour prendre du plaisir à la lecture. Ceci est particulièrement vrai pour la seconde histoire : Duel à Toy Farm, dont le jeune héros est un épouvantail maladroit et patibulaire vivant dans une ferme qui cultive des jouets. L’histoire de La Brigade des crimes imaginaires (avec le concept des mauvais vœux qui se réalisent) et Notre-Dame-des-Traîtres (où le virtuel domine le monde) développent quant à elles des idées foisonnantes et inventives qui auraient méritées un roman à elles seules. Pour finir, Coco et Cloclo est une histoire d’amour de conte de fées racontée par la Mort en personne (un narrateur très cynique qui fait immanquablement penser au personnage de La Mort dans Les Annales du Disque-monde de Terry Pratchett) mais l’histoire est pourtant assez banale et longue à la détente…

Ainsi, les références à la culture populaire et geek mitraillées en quatrième de couverture ne sont pas au rendez-vous, et le tout se révèle assez brouillon, peu agréable à lire, maladroit, et parfois frustrant. On ne trouve presque aucun héros central à qui s’attacher, et un seul héros adolescent dont il faut un petit moment avant de déterminer s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille…

Dommage : l’humour et les idées sont là, mais l’emballage est mal fait.

Daniel Nayeri, La Brigade des crimes imaginaires et autres histoires fantastiques et déglinguées, traduit par Valérie Le Plouhinec, Hélium, 2012, 372 pages

27
Jan
13

Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.

C’est drôle, récemment Federico a lu deux livres qui, sans aborder les même thèmes, arrivent à une conculsion à peu près similaire : la bonté, c’est chouette. Faire un livre sur la gentillesse et l’entraide n’est certainement pas un exercice facile en ces temps où le cynisme est à la mode. La preuve c’est que tout le monde ne s’en sort pas de la même manière.

L’atelier des miracles

 noté 1 sur 4

Voici un livre dont l’écriture fluide et l’espérance d’une chute retentissante ont mené Federico jusqu’au dernières pages. La conclusion de notre ami lapin à l’issue de cette lecture était « mouais, bof ». Bon d’accord, on a déjà vu © JC Lattèsplus parlant comme phrase mais cela résume bien le manque d’intérêt de l’ouvrage. C’est l’histoire de trois personnes au bout du rouleau et plus ou moins dans la mouise qui s’offrent un nouveau départ grâce à l’Atelier, sorte de centre d’aide et de réinsertion. Cette structure est dirigée par le charismatique Jean, qui ne laisse personne indifférent. Federico a suivi le chemin de croix des trois héros avec un peu d’entrain quand même parce qu’il ressentait une certaine empathie pour eux, en particulier Mariette, la prof aux prises avec des élèves infects et mariée à un pervers narcissique. Notre ami lapin ne va pas s’en cacher : dès le début il a eu une quenotte contre le fameux Jean et voyait en lui le dirigeant d’une secte ou plus simplement un obsédé du contrôle. Malheureusement, malgré une petite virée dans le côté obscur (à peine quelques pages, pfff), le livre est bien rapidement entré dans le droit chemin avant de nous asséner une morale poussive sur l’entraide, étouétou. Excusez la dureté des propos de Federico sur un livre qui n’en méritait peu-être pas tant, mais notre ami lapin a eu la nette impression qu’il aurait pu utiliser les heures à lire ce livre à faire autre chose. Lire un autre livre par exemple.

 Valérie Tuong Cuong, L’atelier des miracles, JC Lattès, janvier 2013, 264 p.

Wonder

 noté 3 sur 4

Voici un roman qu’on peut qualifier de « gentil », dans le sens positif du terme. L’auteur a décidé de mettre la gentillesse sur un piedestal et de la draper de dépassement de soi et de générosité. L’histoire est celle d’August, né avec une rare anomalie génétique qui l’a laissé sérieusement défiguré. Cela en fait donc la cible idéal des regards en tous genres : plein de pitié, effrayé, moqueur, fuyant, etc. Pour lui épargner cela, ses parents ont décidé de lui épargner l’école. Quand August atteint l’âge d’entrer en 6ème, ils lui proposent quand même d’aller au collège.© Pocket Jeunesse

Le COLLÈGE ? Vous voulez dire cette arène impitoyable où même ceux qui ont le nez à peu près au milieu de la figure vivent les pires années de leur vie ?

Autant lui proposer tout de suite une corde et une poutre.

Eh bien non, parce que c’est là que le roman devient gentil. À travers quelques épreuves initiatiques et d’importantes rencontres, August va apprendre à ne plus essayer d’être comme les autres. Malgré tous les bons sentiments qui le remplissent, Wonder évite brillamment l’écueil de la guimauve et de la morale à deux crottes de lapin. Ce livre nous offre une lecture certes pas inoubliable, mais enthousiasmante et rafraîchissante. Dès 11 ans (Fleuve Noir aussi a publié l’ouvrage pour essayer d’en refourguer dans les rayons adultes, mais ce n’est probablement pas là qu’il trouvera son public).

R-J Palacio, Wonder, Pocket Jeunesse, janvier 2013, 410 p.




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