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La compagnie des menteurs

noté 3 sur 4

Quand on commence ce livre, on n’a pas envie de lire autre chose. Ce texte hybride situé quelque part entre le thriller historique et le conte fantastique est d’une densité telle qu’elle a enveloppé Federico et l’a embarqué dans une aventure mystérieuse et très inquiétante.©Sonatine

L’Angleterre au XIVe siècle, c’est pas sympa. Il y a des loups, la peste et des gens qui vous torturent pour un oui ou pour un non. Entre autres. Au début du roman on rencontre un camelot qui promène sa gueule cassée de foire en sanctuaire. Avec la peste qui se déclare tout le monde se jette sur les routes (ah, les débiles, comme s’ils allaient y échapper en courant très vite !) et le camelot se retrouve, au hasard des rencontres, à voyager avec d’autres personnages qui sont ont deux points communs : ils ont un très gros secret dans leur sacoche et ils fuient (mais qui ? mais quoi ?).

Chacun est bien décidé à garder son secret et, mis au pied du mur, parvient à le déguiser sous une histoire à la lisière du fantastique, où démons et loups garous s’en donnent à cœur joie. Ces contes racontés à la faveur d’un maigre feu ne parviennent pas à faire fuir la nuit et ses dangers. La compagnie évolue dans une atmosphère de méfiance très communicative : Federico attendait toujours le prochain coup fourré.

Avec la peste qui tue tout le monde, plein de concepts sympas sont mis en avant. On marie des handicapés pour échapper au fléau, on pourchasse les juifs, parce que de toutes façons c’est toujours de leur faute, et on fait dire ce qu’on veut aux gens en leur chatouillant les pieds… avec des objets contondants. La plongée dans cette époque étonnante et très angoissante est passionnante. C’est d’ailleurs pour cette raison que Federico n’a pas vu venir une grande partie des révélations du livre et qu’il pardonne à la personne sous payée qui a rédigé le résumé de quatrième de couverture en regardant Inspecteur Derrick.

Malgré certains passages un peu plus faibles l’ensemble est vraiment très prenant. Notre ami lapin a vécu ce voyage à fond, a supporté le sale caractère des nombreux héros et partagé leurs craintes.

Karen Maitland, trad. Fabrice Pointeau, La compagnie des menteurs, Sonatine, mars 2010, 650 p.


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