Pride and Prejudice, Joe Wright, 2005
Le concept marketing utilisé pour la promotion du film ferait davantage fuir les lapins que les ameuter.
– Une affiche romantico-romantique sur fond d’un ciel pastel traversé par les rayons caressant du soleil qui pointe après la pluie de cette fin d’après-midi. Une petite brise soulève les mèches folles d’une jeune bourgeoise rebelle et sensuelle alors qu’un aristocrate énamouré au regard langoureux souffre de ne pouvoir l’atteindre…
– Une bande annonce longue, longue, qui montre tout, mais qui montre mal.
– Un synopsis de quatrième de couverture de DVD très étrange qui semble présenter un tout autre film.
– Enfin, si on en a l’opportunité, on essaie d’échapper à une VF stridente qui massacre le jeu des acteurs (l’abolition des doublages français, une des grandes luttes qui tiennent chères au cœur de notre lapin) et n’arrange donc pas l’exportation française du film.
Vu comme ça, ça ne donne pas envie. Mais, passé outre ses obstacles, la surprise est inattendue puisque le film évite les pièges annoncés par sa communication. Il évite les libertés hollywoodiennes et autres dangers de l’appropriation d’un scénario sans défauts pour plaire à un public américano-entertainement.
Federico a lu l’œuvre de Jane Austen. Il a apprécié l’examen précis, juste et concis, de la confection des liens entre personnes, au delà de la fierté et des préjugés, un véritable travail minutieux qui demande du temps et de la finesse à l’heure des codes de la noblesse anglaise du XVIIIe siècle. Federico aime beaucoup cette histoire qui en a inspiré beaucoup.
Notre imaginaire de l’œuvre, construit lors de notre lecture, n’est pas bafoué, spolié, ni bazardé à grand coup d’adaptation mercantile. Les acteurs ne collent pas leur faciès sur les personnages, qu’ils incarnent véritablement. On ne nous imposent rien. On accroche.
Parce qu’on sait ou devine les retors et l’évolution de leurs sentiments, on tremble avec Elizabeth, Jane et William, et même si on connait la suite, les répliques et les regards sont délectables.
L’ambiance tremblante, feutrée, contenue (et angoissante) des salons anglais est retranscrite fidèlement avec parfois plus de panache que dans le livre.
Niveau casting, Keira Knightley s’en sort pas mal. Matthew MacFadyen est un William Darcy parfait. Wickham (Rupert Friend) est vraiment moche, on ne le voit pas beaucoup comparé au livre, et c’est tant mieux. Judi Dench, Donald Sutherland, Tom Hollander, Jena Malone, Rosamund Pike, Kelly Reilly, Simon Woods, portent comme il faut le rôle qui leur a été confié.
Si vous êtes curieux, Youtube ou les bonus du DVD vous propose une fin alternative : Elizabeth Bennet et William Darcy sont amoureux, se disent des débilités et se font un bisou. Heureusement qu’elle est là cette scène, sinon on n’aurait pas compris le happy end. Totalement inutile, ou comment gâcher un film avec une scène spéciale-dédicace aux américains et à leur besoin de voyeurisme et de pré-maché.
Excepté cette scène vulgaire et outrageante pour la mémoire de Jane Austen , Federico a été surpris par sa non-déception : la prochaine fois, il se méfiera avant d’écouter son orgueil et de croire ses préjugés !