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D’acier

Dans à peine deux mois, la rentrée littéraire va débouler avec ses centaines de romans. Comme tous les ans, vous allez essayer de vous y retrouver dans tout ce papier. Pour faire un choix parmi les 646 meilleurs romans du monde (à ce qu’il paraît), vous pourrez développer plusieurs tactiques.

La première consiste à attendre sagement le mois de novembre et la saison des prix littéraire. Ainsi, c’est le cœur léger que vous irez acheter le Goncourt de l’année. Sauf si vous préférez le Renaudot ou le Fémina. Après tout, chacun ses goûts.

La deuxième technique est de marcher d’un pas déterminé vers votre libraire favori, en prenant l’air de celui qui est prêt à en découdre, histoire de lui montrer que tout cela ne vous impressionne pas. Arrivé à sa hauteur, assurez vous qu’il ne peut pas s’enfuir et lancez-lui une salve de « Vous avez lu le dernier Olivier Adam ? Et le Guénassia ? Et celui-là, il est bien ? Et lui, vous l’avez lu ? Et le Djian ? ». Mettez la dose. Comme votre dévoué commerçant aura bien entendu lu l’intégralité des ouvrages de cette rentrée, il pourra vous faire un résumé court mais percutant de tous les livres qui envahissent ornent ses rayonnages. Ça risque de prendre un bon moment, mais au moins vous serez fixé.

Sinon, vous pouvez aussi suivre les conseils de votre avisé chroniqueur qui va aujourd’hui vous faire une enthousiaste présentation de Silvia Avallone. Cette jeune auteur sera présente en septembre avec Le Lynx, dont les quelques extraits lus dans la presse laissent présager du meilleur. Mais c’est son premier roman, D’acier, que Federico aimerait vous inciter à lire.

Piombino est une ville italienne posée au bord de la mer, face à l’île d’Elbe. Ici, c’est vaguement la dèche : les hommes se tuent la santé dans la tentaculaire aciérie qui fait vivre la ville tandis que les femmes attendent que leur jeunesse se fane pour enterrer leurs rêves d’ailleurs. Anna et Francesca, 14 ans, irradient ce petit univers de leur insolente beauté. Leur amitié exclusive décuple leur pouvoir de séduction et leur permet de traverser le morne quotidien sans avenir de Piombino.

Grâce à son crayon très affûté, Silvia Avallone a embarqué Federico dans cette ville d’Italie qui ne croit plus à grand chose. Notre ami lapin n’est revenu de ce voyage qu’en achevant sa lecture.

L’auteur ne s’intéresse pas seulement à Anna et Francesca. Sur l’année que couvre son roman (été 2001-été 2002), elle déroule le quotidien de tout leur entourage, livrant ainsi une chronique sociale à la fois crue et généreuse. Le récit des petits hauts et des très bas des habitants de Piombino a passionné Federico : il a eu de la peine quand la vie les amochait, il s’est mis en colère quand l’injustice était trop… injuste, il s’est apaisé quand un espoir faisait son apparition, et ainsi de suite. De quoi vous chambouler durablement un lapin.

D’acier est un roman sincère qui dégage une énergie folle, une lumière crue. Ce livre n’a pas de début ni de fin. C’est un instantané dans la vie de deux adolescentes qui vont grandir sous nos yeux tandis que, quelque part de l’autre côté du monde, deux tours s’effondrent et une nouvelle guerre commence.

Finalement, c’est son auteur qui en parle le mieux.

Silvia Avallone, D’acier, Liana Lévi, avril 2011, 400 p.


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